mercredi 7 octobre 2009

Tueur en série : qu'est-il devenu ?

Plusieurs d'entre vous se sont émus de l'histoire du tueur à la hache. Voici quelques nouvelles qui devraient les rassurer ... Ce qui suit est un copié-collé d'un mail que m'a envoyé Mahamadi. Je lui demandais si, avec tous les sans-abris suite aux inondations, il avait sévi de nouveau.

"Il y a un suspect sérieux qui est présentement détenu à la Maison d'Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO), il logeait juste en face du lieu ou il avait commis son dernier forfait (côté est du garage situé en face de la cours de la dernière victime). Les sites d'hébergement sont soigneusement gardés par les militaires et les policiers, ce qui commence à être inquiétant au niveau des sites, c'est le manque d'hygiène mais et surtout la prostitution qui est en train de prendre de l'ampleur...

En rappel, le gouvernement a pris le problème du tueur en série à bras le corps mais un peu tard à mon avis car il avait déjà commis 8 forfaits. Une conférence de presse a été animée par les plus hautes autorités de la sécurité, question de rassurer les populations."

Inondations à Ouagadougou

Bonjour,
je ré-active ce blog pour deux petites informations. La première concerne les inondations catastrophiques qui ont touché le Burkina Faso, et notamment Ouagadougou et sa région, début septembre. Bizarrement en France les médias n'en ont presque pas parlé, alors qu'il y a eu 150.000 sans abris (maisons effondrées, routes et ponts également, ...).
Pour avoir toutes les infos sur ces inondations et les actions menées auprès des populations touchées dans le quartier que j'ai fréquenté, je vous invite à visiter le blog lancé par Mahamadi, le président de l'ACP.

samedi 22 août 2009

En vrac (2)

Je termine ce blog avec quelques nouvelles différences culturelles entre le Burkina Faso et la France ...

Bière
Les Burkinabè boivent pas mal de bières. Il existe trois bières locales : la Brakina, la So.B.Bra et la Castel, qui sont des blondes classiques. La Flag, une bière ghanéenne, est aussi appréciée. Mais la bière préférée des Burkinabè est ... la Guinness, qu'ils boivent avec du Coca-Cola (2/3 Guinness 1/3 Coca) et beaucoup de glaçons ! Le mélange a un étrange goût amer un peu chocolaté, pas du tout désagréable. Même s'il peut choquer les puristes, je vous recommande de l'essayer au moins une fois, c'est très surprenant et pas mauvais du tout.

Maternité
Quelques chiffres ... D'après ce que me racontait Faissal (prof d'histoire-géo en collège et lycée) sur ses classes, 25% des filles de sa classe de sixième étaient enceintes cette année. En moyenne, une femme a encore entre 5 et 8 ou 9 enfants, mais tous n'arriveront pas à l'âge adulte. Enfin, on estime qu'une fille qui arrive à 26 ans et qui est célibataire est un cas désespéré ...

Nourriture
De mon séjour burkinabè je retiendrai d'abord le tô, le plat national : pâte de mil, ou parfois de maïs, assaisonné d'une sauce, à l'oseille par exemple. Le benga est le haricot local, très bon. Encore meilleur est le dégué, un mélange de yaourt et de grumeaux de petit mil. La soupe de petit mil se prend au petit déjeuner, avec au moins 5 sucres (d'une manière générale les Burkinabè sucrent énormément leurs plats). Enfin pour le côté exotique, je n'oublierai pas les chenilles noires (une spécialité de l'ouest du pays), qui ont un goût très prononcé, proche du gibier, mais finalement pas si mauvais que cela. Tout cela sans oublier que dans 90% des repas, on mange principalement du riz ! Avec un peu de sauce (riz-sauce) ou un peu de viande (riz-gras).

Parenté à plaisanterie
Les Africains ont un concept très intéressant qui permet de désactiver les conflits inter-ethniques : la parenté à plaisanterie. Ce concept relie les ethnies deux par deux (ou trois), et indique qu'un membre d'une ethnie peut proférer une certaine insulte à un membre de l'autre ethnie sans craindre de dommage, car il s'agit de plaisanterie. Exemple : les Samo (une des 60 ethnies du Burkina : deux membres d'ACP sont de cette ethnie) traitent les Mossi (principale ethnie, à laquelle appartiennent la plupart des membres d'ACP) de voleurs, et réciproquement les Mossi traitent les Samo de buveurs de yontorô, une boisson locale. D'après ce qu'on m'a dit, un Samo peut se présenter devant l'empereur des Mossi, le Mogho Naba, et le traiter de voleur, celui-ci n'a pas le droit de bouger un orteil !



Le Mogho Naba actuel, un homme très respecté pour sa sagesse, et toujours souriant (image de yayemarieba.blogspot.com).


Talibé
Etonnamment, je n'ai pas croisé beaucoup de mendiants à Ouagadougou. Les gens essaient de survivre en vendant diverses petites choses ou services, mendier est très mal vu. Les seuls mendiants que j'ai croisés sont des enfants, qui se baladent avec de petites boîtes de conserves et sollicitent les passants d'un regard implorant. D'après Mahamadi, ce sont des membres de la secte des Talibé (je ne sais pas s'il y a un lien avec les talibans : c'est probable, au moins d'un point de vue étymologique), qui est une secte musulmane. Tous les revenus de la "quête" vont au gourou, qui nourrit ensuite les enfants et dispose d'eux à sa guise. Inutile de préciser qu'ils sont très mal vus par les Ouagalais ; je n'ai jamais vu personne leur donner quoi que ce soit (et pourtant ils doivent bien (sur)vivre, d'une manière ou d'une autre !).

Université
Cette rubrique intéressera principalement mes collègues ... J'ai eu la chance de pouvoir discuter avec un collègue enseignant en informatique à l'université de Bobo-Dioulasso (deuxième ville du pays). Le pays entier compte moins d'étudiants que Grenoble (qui en compte 60.000). Un enseignant doit statutairement faire environ 220h de cours ou équivalent ... sachant qu'une heure de TD ou un TP vaut, comme en France, 66% d'une heure de cours. Pour comparaison, en France nous devons faire 192h de TD ou équivalent. Comme chez nous, ils font tous des heures sup', mais je ne sais pas si comme nous ils font de la recherche. La personne avec laquelle j'ai discuté a un DEA (français), mais pas de thèse, et envisage d'en faire une. A l'université où elle exerce, il n'y a que 3 maîtres de conférences en informatique, qu'on appelle ici "maître assistant". Il y a, pour tout le pays, uniquement un professeur d'université en informatique (grade supérieur). Je pense qu'à Grenoble nous devons avoir une cinquantaine de professeurs en informatique (minimum), et une centaine de maîtres de conférences ...

Voilà, ceci était sans doute mon dernier message sur ce blog (à moins que je n'ajoute quelques extraits de mon rapport de mission, mais presque tout ce que j'y ai écrit figure aussi ici, ou que je ne réponde à quelques questions). Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont rendu cette mission possible :
- Développement Sans Frontières, et notamment Valentin Pécot ;
- mon père, pour tous ses conseils et son aide précieuse ;
- les généreux donateurs, Paul le premier ;
- tous ceux qui ont lu ce blog et m'ont fait part de leurs commentaires ou questions ;
- enfin évidemment les membres de l'ACP, et plus particulièrement Mahamadi, Thomas, Koulsoum et Isa, ainsi que les familles Tassembedo et Nana, dont j'ai partagé la vie pendant un mois. Merci aussi à l'hospitalité de tous les Burkinabè.

J'espère avoir suscité quelques vocations pour les missions de volontariat équitable et/ou le Burkina Faso ...
Merci à tous pour votre lecture.

vendredi 21 août 2009

Compléments d'information

Suite aux judicieuses questions de Fabrice, je vous signale que j'ai complété plusieurs messages avec des informations supplémentaires. Pour les gens que ça intéresse !

Petit lexique français-mooré

Le français est la langue officielle du Burkina Faso, utilisée notamment dans l'administration, mais elle n'est la langue maternelle de personne (même si certains parents, comme ceux de Fadil, font l'effort de parler aussi en français à leurs enfants). Elle est apprise à l'école, dès le CP1.

Le mooré est la langue des Mossi (ou Mossé), la principale ethnie du pays (environ 50% de la population), qui est concentrée à Ouagadougou et dans sa région. A ce titre, le mooré est compris par à peu près tous les Ouagalais, même ceux des autres ethnies (bien qu'ils ne le parlent pas forcément).

La deuxième langue autochtone principale au Burkina Faso est le dioula, surtout parlée dans l'ouest autour de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays avec environ 300.000 habitants (contre 1 million à Ouagadougou). C'est également une des principales langues du Mali.

Je ne connais qu'un mot en dioula : "toubabou" qui veut dire "le Blanc". En revanche j'ai eu le temps d'apprendre quelques mots de mooré, et je peux vous assurer que leur emploi par un Blanc fait toujours forte impression auprès des autochtones.

Le mooré étant, comme la plupart des langues africaines, une langue orale (le seul livre que j'ai vu écrit en mooré est la Bible), l'orthographe que je vous propose pour chacun des mots est non garantie et provient de l'interprétation de mon oreille. D'ailleurs, mes amis Burkinabè n'ont pas été capables de m'assurer d'une orthographe exacte pour ces mots. De plus, certains sons sont inconnus en français, j'ai essayé de transcrire au plus près ce que j'entendais.

Bonjour
(le matin) Yiibéogo (auquel on répond par : yiibékibéma)
(entre 11h et 16h) Windga (auquel on répond par : windkéma)
(le soir) Zaabré (auquel on répond par : zaabrékéma)
A ces six mots, la formule de politesse (quand on s'adresse à un ancien, à quelqu'un d'important, etc.) demande d'ajouter le préfixe ni : nizaabré, etc.

Bonne arrivée
Niwongo

Comment ça va ?
Kibaré ? ou manawana ?

Ca va bien
Lafi bala
Lafi signifie littéralement "la santé" : "lafi bala" signifie "la santé va bien", "j'ai la santé".

Ca va, et toi ?
Lafi béhémé

Pas de problème
Yellékabé

Aucun problème
Yellékayé

Il y a un problème
Yellébém
Vous l'aurez compris, "problème" se dit yellé.

Au revoir (à un autre jour)
Nindaaré

A tout à l'heure
Bilfou
Bilfou signifie également "un petit peu".

A demain
Beogo
Beogo signifie en fait "demain".

A bientôt
Wakat

Oui
Nyé/Änyé
Le n est inspiré, ce qui donne un son difficile à reproduire en français, d'où les deux traductions que je vous propose.

Non
Ayo

Merci
Barka
Barka peut signifier pas mal de choses, et notamment "il faut faire une remise !" lors d'une négociation.

Viens !
Waka

J'arrive
Watam

Je veux
Data

C'est bon
Yasoma

C'est le pied
Karaga
Merci au jeune Abdou de m'avoir appris ce mot :-)

Blanc (couleur de peau)
Nassara

Noir (couleur de peau)
Nissa blega

Ami
Dowa (ou Zowa ?)

Etranger
Saana

Enfant
Biiga

Grand frère
Kiéma

Petit frère
Miowa

Dieu
Wend
Beaucoup de commerces s'appellent Wend quelque chose : "Wend konta" qui veut dire "Donné par Dieu" par exemple.

Voiture
Mobile
Adapté du français "automobile".

Mobylette/moto
Moteur
Adapté du français.

Vélo
Wifo

Eau
Kôôm

Thé


Boire
You
Exemple de phrase : "Data kôôm you".

C'est combien ? (demande d'un prix)
Wanawana
Ne pas confondre avec "manawana" qui veut dire "comment ça va ?"

jeudi 20 août 2009

Musique

Ceux qui me connaissent savent que je ne pouvais pas faire un blog sans parler de musique à un moment ou à un autre ...

Avant de débarquer à Ouaga, le seul artiste burkinabè que je connaissais était Victor Démé. Paradoxalement, il est plus connu ici en France, où il bénéficie d'une bonne distribution (notamment à la FNAC), que là-bas. Ce bluesman à la Ali Farka Touré est originaire de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, et chante en dioula, ce qui fait qu'il n'est pas compris par la majorité des Ouagalais, qui parlent mooré. Cependant, le clip de son morceau "Djon Maya" commence à être diffusé à la télévision burkinabè.

La musique burkinabè est un mélange de beaucoup de choses : musique ivoirienne très dansante (la danse connue est le "coupé décalé" et la dernière danse à la mode est l'"épaule cassée"), reggae, hip hop, musique malienne imprégnée de kora (instrument à cordes ouest-africain, dont un des maîtres est le Malien Toumani Diabaté, que vous pouvez écouter ici). On ressent également parfois des influences cubaines ou créoles. Je laisse les spécialistes débattre des liens entre musiques africaines et musiques des descendants des esclaves africains dans ces îles ...

Le tube qui cartonne en ce moment à Ouaga est de l'artiste Floby et s'intitule "Kardjatou". Inutile de préciser qu'il est très dansant, même si cet artiste sait aussi faire des chansons plus tranquilles. Il chante lui en mooré. Autres artistes en vogue : Bil Aka Kora, dont j'ai pu admirer l'excellent guitariste en concert (avec un autre groupe), Ismo Vitalo (ce dernier fait du reggae). Personnellement j'aime bien également Alif Naaba et les Messagers Pacifiques (groupe de reggae bien rythmé).

Expressions burkinabè

Le français parlé au Burkina comporte quelques expressions savoureuses. J'ai essayé d'en noter quelques-unes, que voici avec leur signification. Voir aussi le site Ouaga ça bouge.

Ambiancer : avoir de l'ambiance.
Exemple : "la soirée organisée par les enfants était bien ambiancée hier soir".

Bonne arrivée : bienvenue.
Voir mon message à ce sujet.

Cailler : faire chaud.
Exemple : "il n'est que 10 heures du matin, et ça caille déjà mal mal mal".
Paradoxalement, signifie également "faire froid". En conclusion, seul le contexte permet de saisir la signification :-)

Chinoiserie : produit chinois.
Généralement de piètre qualité mais proposé à un prix imbattable. Voir mon message à ce sujet.

Demander la route : prendre congé.
Par politesse, avant de quitter une personne qui nous a invité (à discuter, à boire un verre), on lui "demande la route". Celle-ci ne répond pas en général, c'est juste une expression : "il se fait tard, nous allons vous demander la route".

Ca fait deux jours : ça fait longtemps.
Exemple : "Hé Blaise ! Ca fait deux jours [qu'on ne s'est pas vu] ! Comment ça va ?"

Gâter : abimer.
Exemple : "Fadil a gâté l'appareil photo de Franck".

Go : fille.
Exemple : "t'as vu la go là-bas ?"

Goudron : route ou rue bitumée.
Exemple : "pour aller chez Mahamadi à partir du cyber, il faut traverser le goudron puis prendre le troisième 6-mètres à droite".

Goutter : pleuvoir légèrement.
On dit "il pleut" quand il y a une vraie pluie d'orage, virulente. Sinon, on dit "il goutte".

Maquis : bar/brasserie.
Ouaga regorge de ces établissements bon marché très appréciés des Burkinabè.

Ou bien : n'est-ce pas.
Exemple : "Pour être séduisante, une fille doit avoir un bon poids. Ou bien, Franck ?"

Poulet bicyclette/poulet télévision [ou télévisé] : poulet grillé/poulet à la broche.
"Bicyclette" car les poulets ici courent librement dans les cours et dans les rues, et ils ont donc les cuisses des coureurs cyclistes. "Télévision" car le four dans lequel le poulet tourne ressemble à une télévision.

Produit : médicament.
Exemple : "Tu as mal à la tête et des courbatures ? C'est peut-être le palu, prends des produits."

Sap sap : rapidement.
Exemple : "J'ai formation à 18 heures, je dois rentrer sap sap".

Six-mètres : pâté de maison.
Exemple : "le tueur à la hache a étrangement assassiné une personne dans chaque six-mètres du quartier".

Sucrerie : boisson sucrée non alcoolisée.
Les sucreries qu'on rencontre à Ouaga sont le Coca-Cola, le Fanta, le Sprite et le Tonic.

Tantie : femme d'au moins une trentaine d'années (expression affectueuse).
Exemple : (à sa voisine) "Bonjour Tantie ! Ca va ?"
Beaucoup de magasins s'appellent par exemple "chez Tantie X".

Un peu : moyen, pas top.
Exemple : "Comment ça va ?" "Ca va un peu." Généralement l'autre répond alors quelque chose du style : "ah très bien alors" => au Burkina, on ne se plaint pas, et quand quelque chose ne va vraiment pas, c'est à ses amis qu'on en parle, pas à celui qui nous le demande.

lundi 17 août 2009

Recette du thé vert

Mes amis burkinabè m'ont donné leur recette du thé vert (voir mon message précédent à ce sujet). J'ai pu faire mon premier thé, qu'ils ont trouvé très bon mais que personnellement j'ai eu plus de mal à digérer :-) Du coup, ils m'ont décerné le titre de "faki" (faiseur de thé).



Le matériel nécessaire.


Les sachets de thé que l'on trouve à Ouagadougou : en provenance de Hong Kong (encore une chinoiserie !).


Quantités :
30g de thé vert, éventuellement de la menthe ou du gingembre
beaucoup de sucre
pas mal d'eau

1) Mettre les feuilles de thé dans la théière, et recouvrir complètement d'eau. Ajouter éventuellement la menthe ou le gingembre. Laisser bouillir à feu très doux. Plus longtemps le thé bout, meilleur sera le thé. Personnellement, je laisse bouillir 5 à 10 minutes.

2) Refroidir le liquide en versant successivement de la théière vers un grand verre ou un gobelet, et réciproquement, ceci un grand nombre de fois (au moins 3 ou 4 : personnellement, je le fais environ 10 fois). Si on le fait de très haut, le thé refroidira plus vite (voir les photos ci-dessous).

3) Répéter les opérations 1), puis 2), puis répéter 1) une troisième fois.

4) Recueillir l'eau dans le grand verre, sucrer à volonté une seconde théière, et tranférer l'eau du verre à cette seconde théière.

5) Remettre la même quantité d'eau dans la première théière (qui contient les feuilles de thé), et mettre à bouillir pour préparer la deuxième tournée. Une troisième peut éventuellement être envisagée, mais le thé ne sera pas très fort.

6) Créer de la mousse en versant successivement le mélange eau/sucre de la seconde théière au grand verre, puis réciproquement, un grand nombre de fois et surtout très rapidement.

7) Verser la mousse dans les verres à thé, réchauffer quelques minutes le thé (on peut éventuellement ajouter le menthe ou le gingembre à ce moment-là), puis ajouter le thé à la mousse dans les verres.

Bonne dégustation ! Et merci à Hyacinthe pour cette recette et ses conseils.






*****
Etant donné que je n'arrive à publier de commentaires sur mon propre blog, je réponds ici à Anonyme :
pas de problème, quand tu veux !

Quartier de Pissy : quelques photos supplémentaires

Avant mon départ, voici quelques photos supplémentaires du quartier au sein duquel j'ai vécu un mois.



La maison de Thomas, où j'ai vécu la seconde moitié de mon séjour. A gauche le coin toilettes, en arrière-plan le bloc où vit Thomas (ses parents vivent dans un bloc derrière), à droite des parpaings qu'il a entassé en vue de la construction de sa propre maison, prévue pour cet automne.


Un maquis (bar/brasserie), de l'autre côté de la route.


Magasins à côté de chez Thomas.


Celui-ci vend à manger.


Les voisins de Mahamadi vendent l'équipement nécessaire pour faire le thé : sucre, charbon de bois, etc.


Ils élèvent aussi deux chèvres (comme tout le monde), qu'ils laissent la journée devant chez eux.


Un petit neveu de Mahamadi avec son jouet préféré.


Une petite voisine.


Rue voisine à la rue où habite Mahamadi, et où j'ai passé les deux premières semaines de mon séjour. Typique, mais avec une porte luxueuse en plus : l'entrée de la maison d'un (très) riche comptable (je suis allé le rencontrer : il fait partie des parrains d'ACP).

Mission : bilan quatrième semaine

Cette dernière semaine, j'ai poursuivi, au gré des coupures aléatoires de courant (les gens pestent d'ailleurs contre l'absence de planning des coupures de la part de la compagnie nationale d'électricité), mes activités de formation auprès de membres d'ACP : maintenance, OpenOffice, ...

J'ai également supervisé les jeunes nouveaux formateurs dans leur prise en main de la formation en bureautique. Ils sont motivés et se débrouillent plutôt bien, malgré quelques défauts classiques chez les nouveaux enseignants (tentation de montrer et faire à la place des personnes formées, notamment). Les voici à l'oeuvre :






Nous avons également, avec certains membres, poursuivi l'évaluation des besoins de l'association. Nous avons ajouté deux projets à la liste des activités prévues, citée la semaine dernière : d'une part, l'organisation de cours (gratuits) de vacances pour les enfants en classe de 6ème et 3ème, en maths, français et anglais (voir mon message sur le système éducatif), et d'autre part l'amélioration des services proposés au cyber (meilleur débit de connexion, ajout d'une imprimante couleur et d'une machine à relier les documents, ...). Ces deux projets engendrent des besoins humains difficiles à combler sur place, et qui vont faire l'objet d'offres de mission auprès de Développement Sans Frontières : besoin d'un ou de plusieurs enseignants bénévole(s) pour le premier projet, et d'un spécialiste réseaux pour le second. Si ça vous intéresse, n'hésitez pas à m'en parler !

Par ailleurs, nous avons effectué quelques visites auprès des autorités : mairie d'arrondissement, Ministère de la jeunesse et de l'emploi, ambassade de France. J'ai pu constaté à cette occasion que l'association est une association déjà bien connue de divers responsables, et qu'il y avait parmi les "parrains" (mécènes privés qui ont financé l'association à ses débuts) d'ACP des noms prestigieux : président de la Cour des Comptes, cousin direct de la Première Dame, etc.

Nous avons également procédé à la remise officielle des dons à l'association. ACP remercie les généreux donateurs, et leur indique par mon entremise qu'ils sont les bienvenus à Ouagadougou, où ils seront reçus comme des rois (comme je le fus !).






Mon séjour se termine, je rentre dans la nuit de mardi à mercredi. Il me reste encore pas mal de choses à vous raconter, aussi je complèterai ce blog à mon retour en France. Je vous invite donc à continuer à lui rendre visite !

Pour terminer, un petit message personnel : bon vent à Valentin, désormais ex-responsable Afrique francophone de DSF, pour ses nouvelles activités.

vendredi 14 août 2009

Système éducatif

Le système éducatif du Burkina Faso est à la fois proche et différent du système français.

Il en est proche au sens où le pays a calqué le cursus et le nom des diplômes de l'ancien pays colonisateur. Petites exceptions : le CP dure deux ans, et on entre en CP1 à 7 ans. Si tout va bien, on passe donc le bac à 20 ans.

Mais il est rare que cela soit le cas. En effet, le taux de réussite est extrêmement bas comparé à la France, quelque soit la classe. Petit exemple que m'a donné une enseignante : dans une classe (standard) de 6ème de 79 élèves, seuls 26 passent en 5ème à la rentrée. D'après ce qu'on m'a dit, cet exemple n'est pas une exception et au contraire est représentatif (il l'est également pour l'effectif d'une classe !). Dans les années à examen (CM2, 3ème, Terminale), le taux de réussite est encore plus faible. Au niveau du bac, il est exceptionnellement de 40% cette année, contre 25% il y a quelques années (et du coup, bien sûr, les anciens disent que le bac est dévalué ...). Deux raisons invoquées par les Burkinabè avec qui j'ai discuté, pour expliquer ces taux : d'une part, la difficulté du niveau des examens par rapport à leurs homologues français, et d'autre part le manque de pédagogie de beaucoup d'enseignants (mais l'effectif des classes me semble une circonstance atténuante). Les enseignants sont formés à peu près comme en France : recrutement à bac+3 ou 4, une année de formation théorique à la pédagogie, puis une année de stage devant une classe. Ils sont ensuite titularisés, si tout va bien. On ne m'en a pas parlé, mais je pense que beaucoup d'élèves n'ont pas les facilités françaises pour réviser leurs cours chez eux : parents dans l'incapacité d'aider, par manque de temps ou de compétences, nécessité pour l'élève de travailler en plus de la classe pour ramener de l'argent à la famille, ...

Dans le supérieur aussi, le système français a été calqué. D'ailleurs, le Burkina Faso va bientôt passer au LMD (Licence-Master-Doctorat). Le taux de réussite ne semble pas beaucoup plus brillant : environ 20% pour les BTS dont on m'a parlé, idem pour les DUT. Autre similitude avec la France : la grève des enseignants du supérieur ce printemps, pour des histoires de salaires non versés.

La principale différence entre le Burkina Faso et la France vient du fait qu'ici les diplômes (certificat d'études - qui a été conservé, et BEPC notamment) sont des concours, avec un nombre fixé d'admis. De plus, certains élèves réussissent ces concours mais choisissent de "bisser" (redoubler) car ils n'ont pas obtenu de bourse pour poursuivre, et sont dans l'incapacité financière de le faire : ils espèrent l'année suivante atteindre un rang suffisamment bon au concours pour obtenir la bourse gouvernementale. Un élève peut bisser une fois seulement chaque classe, il doit ensuite changer d'établissement ... sachant que le privé n'a pas bonne réputation (à l'exception de quelques établissements catholiques). Pour pallier à ces problèmes engendrés par le manque de ressources financières des parents, un système original de parrainage existe : chaque enseignant se voit réserver deux places dans son établissement ; les parents ou tuteurs des élèves souhaitant changer de collège ou lycée cherchent donc parmi leurs connaissances, ou les relations de leurs connaissances, un enseignant qui accepterait l'enfant dans son établissement. Les enseignants accueillent même ces enfants chez eux, dans le cas où l'établissement est éloigné géographiquement du domicile des parents. Apparemment, ils servent également de tuteur scolaire à ces élèves, et les aident dans leurs études. Enfin, dernière différence avec la France : de nombreux enseignants arrondissent leurs fins de mois en tant que consultant.

Comme le disait Abraham Lincoln, "les hommes naissent libres et égaux, mais c'est la dernière fois qu'ils le sont" : cette petite description/comparaison en est une illustration, à tous points de vue.
A bientôt pour les derniers messages avant mon retour.

PS : suite à ces constatations sur les problèmes financiers et les taux peu élevés de réussite, j'ai soulevé l'idée qu'ACP organise des cours gratuits pour les élèves pendant les vacances, sans savoir si ce concept européen était applicable ici. Après quelques jours de réflexion, Mahamadi a totalement adhéré à cette idée et nous avons rajouté ce projet aux projets de l'association. La location d'un local et du matériel pourrait se faire grâce au partenariat qu'entretient déjà ACP avec quelques écoles du quartier, et la venue d'un Français prêt à enseigner gratuitement (contre la prise en charge de son logement et de sa nourriture, comme moi actuellement) pourrait se faire via Développement Sans Frontières. Les matières visées sont les matières scientifiques plus l'anglais : un étudiant français en fac de sciences serait l'intervenant idéal, vu le faible niveau requis (niveau de primaire, voire de début de collège). Apparemment, il semble difficile de trouver quelqu'un sur place pour assurer cette activité bénévolement, d'où l'idée de faire appel à un Européen.

*****
Réponse à Fabrice :
Je n'ai assisté à aucun cours ... En ce moment ce sont les vacances d'été ! J'ai juste eu la chance de discuter avec un prof d'histoire-géo, de collège-lycée, et avec bien sûr les autres Burkinabè qui m'ont également donné leur avis.

Je pense qu'ils ont des manuels, mais comme le reste c'est à leurs frais, donc peut-être tous ne l'ont-ils pas ? Je ne pense pas qu'il ait beaucoup d'absentéïsme, en revanche très bonne remarque sur le français : ils font pas mal de fautes d'orthographe, y compris les adultes, et maîtrisent mal les articles ("le", "la", etc.), qui ne doivent pas exister dans leur langue maternelle.

jeudi 13 août 2009

En vrac

Bonjour,
voici à nouveau quelques observations dépaysantes (enfin je l'espère) sur le Burkina Faso, cette fois-ci en vrac.

Bonne arrivée
Ici on ne dit pas "bienvenue", on dit "bonne arrivée". En revanche, on le dit à tout bout de champ : quand quelqu'un descend de l'avion, arrive chez soi, revient du travail (ou au travail pour saluer un collègue qui arrive). L'hospitalité est vraiment une des caractéristiques principales des Burkinabè.

Chinoiseries
C'est ainsi qu'on appelle ici les objets chinois à des prix imbattables (mais souvent de piètre qualité) qui inondent le marché et tuent l'économie locale, du textile synthétique qui remplace progressivement le coton produit sur place à la mobylette, ... et aux filles de joie en provenance directe de l'Empire du Milieu qui font une concurrence sévère à leurs homologues africaines (lu dans le journal loca, je n'ai pas testé !).

Justice
Une anecdote pour illustrer le fonctionnement de la police et de la justice locale : il y a quelques années ou quelques mois sévissaient autour de Ouagadougou des coupeurs de route (bandits de grand chemin qui arrêtent les véhicules pour en rançonner les occupants). Un jour, ceux-ci font l'erreur, sans le savoir, d'arrêter et de détrousser un ministre, qui rentrait au village. Quelques mois plus tard, il n'y avait plus aucun coupeur de route dans le pays : tous avaient été traqués puis abattus sans sommation, et sans faire de prisonnier, par la police. Ce genre de "nettoyage" a bien sûr été entaché de quelques bavures, comme ce chauffeur de car abattu sans préavis car il avait eu le malheur de prendre en stop, sans le savoir, des coupeurs de route qui cherchaient à fuir incognito ...

Paludisme
Il fait vraiment partie de la vie courante ici. J'ai l'impression que tout le monde l'a attrapé au moins une fois dans sa vie. En 3 semaines, j'ai rencontré trois malades actuels et on m'a parlé d'autres cas. Depuis hier, mon hôte actuel Thomas est atteint de la maladie : courbatures, douleurs aux articulations, grosse fièvre, vomissements, migraines occasionnelles et grosse fatigue. Heureusement le paludisme se soigne bien maintenant, et ce n'est plus l'affaire que de quelques jours ... quand on s'y prend à temps et qu'on a les moyens de se faire soigner : il y a deux semaines le fils d'un voisin de Mahamadi, âgé de 7 ans, est décédé du paludisme.

Religion
A Ouaga les gens sont soit Musulmans (environ 60% d'entre eux d'après mes estimations personnelles), soit Chrétiens (environ 40%). Il ne semble pas y avoir d'animistes, alors qu'ils sont encore 25% dans le reste du pays (pour 50% de Musulmans et 25% de Chrétiens). La cohabitation entre les différentes religions se passe apparemment sans problème (de toute façon, je vous rappelle qu'"il n'y a pas de problème !"). Les Chrétiens ne se plaignent pas des appels à la prière des muezzins de jour comme de nuit, et les Musulmans ne disent rien contre le prosélytisme des Chrétiens dont beaucoup portent des chemises conteant des messages à la gloire de Jésus :-) La plupart des Chrétiens sont catholiques, même s'il existe quelques communautés protestantes évangéliques (dont les démonstrations publiques à la manière américaine font sourire les Burkinabè ...), et sont très pratiquants. J'ai assisté par curiosité à deux messes : les églises sont bondées, et les chorales, qui interprètent des chants proches du gospel, d'excellent niveau (un régal pour les oreilles !). Les Musulmans sont majoritairement chiites, et me semblent relativement peu pratiquants : beaucoup semblent ne pas répondre aux appels du muezzin (mais j'ai quand même vu un peu partout des Musulmans poser leur tapis et s'accroupir pour prier), j'en connais qui boivent de l'alcool ou mangent du porc, et peu portent la barbe. Il existe une minorité sunnite, apparemment plus radicale : les quelques femmes qu'on croise en burqa ou niqab sont sunnites.

Secteur informel
On regroupe sous ce terme tous les vendeurs occasionnels, ambulants ou non. Leurs recettes échappent aux impôts, ce qui crée un gros manque à gagner pour l'Etat. Néanmoins, ils sont si nombreux à (sur)vivre de cette façon qu'ils font partie du paysage, et contrairement à la France les gens achètent très volontiers à ces vendeurs de T-shirts, cartes de téléphone, arachides, CD, jeux à gratter, fruits, journaux, ... D'autres proposent de menus services pour un prix dérisoire : j'ai ainsi fait cirer mes chaussures pour 50 Francs CFA, soit 7,5 centimes d'euro !

Dans mon prochain message, je donnerai quelques détails sur le système éducatif au Burkina. A bientôt !

lundi 10 août 2009

Le quartier de Pissy en photos

Maintenant que j'ai récupéré mon appareil photo, je vais essayer de vous illustrer un peu l'environnement dans lequel je me trouve. Les trois premières photos ci-dessous sont des vues de chez Mahamadi, le président d'ACP, qui m'a hébergé les deux premières semaines. Les photos suivantes ont été prises devant chez Thomas, qui m'héberge pour le restant de ma mission, sauf les deux dernières qui illustrent le voisinage du cyber (situé à 500m de chez Mahamadi).

Pour information, j'ai également complété quelques messages précédents avec des photos.







Deux petits neveux de Mahamadi.


Boutique à côté de chez Thomas.


Sur la grande route devant chez Thomas, comme partout ailleurs, circulent librement les chèvres.


Un taxi-brousse.


La buvette à côté du cyber.


Une boutique en face du cyber.

Pluie d'orage

Samedi, nous avons enfin pu avoir un peu de pluie dans le quartier. Normalement il pleut beaucoup en août, mais cette année ça n'est pas le cas (réchauffement climatique ... D'ici quelques années le Sahel descendra jusqu'à Ouagadougou, c'est pour lutter contre cette tendance que des opérations de reboisement sont régulièrement menées). Du coup, la chaleur est suffocante : officiellement entre 30 et 35°C, mais la température ressentie avoisine plutôt les 40°C.

Le problème, c'est quand les caniveaux débordent ...





Mission : bilan troisième semaine

Ma mission s'est poursuivie cette semaine selon deux axes principaux : la formation au langage HTML de quelques membres et sympathisants d'ACP, et le début d'étude des besoins de l'association, grâce aux outils de gestion de projet fournis par DSF. Parallèlement, j'ai aussi suivi les débuts des jeunes formateurs en bureautique, que j'avais formé les deux semaines précédentes : tout s'est bien passé, même s'ils ont eu tendance à aller top vite au départ (ce qui est normal).

ACP m'avait demandé d'initier certains membres à la conception de sites web. Plutôt que de les former à l'utilisation d'un logiciel spécifique type Frontpage ou Dreamweaver, j'ai préféré leur enseigner les rudiments du fonctionnement de ce genre de logiciels, pour qu'ils en comprennent les mécanismes sousjacents et en soient indépendants. Il est clair qu'utiliser un de ces logiciels est beaucoup plus simple et efficace que de programmer directement en HTML, aussi je leur ai également montré un petit logiciel libre (NVU) et je leur ai apporté un livre sur ce sujet. Néanmoins, en maîtrisant les bases du HTML, ils peuvent maintenant créer leur(s) site(s) de manière plus flexible et également s'assurer que celui-ci sera visionné correctement aux quatre coins du globe (problème de gestion des accents, etc.).

Au niveau de la gestion de projet, nous avons construit avec Mahamadi et deux autres membres d'ACP un arbre des problèmes pour l'association, puis un arbre des solutions, avant d'en déduire les objectifs spécifiques de l'association ainsi que les activités envisagées pour répondre à ces objectifs. Pour résumer, ACP s'attaque au (vaste) problème de l'insertion socio-économique des jeunes au Burkina. Ces difficultés d'insertion sont dues à trois types de causes :
- coût d'accès élevé aux services d'éducation, de santé, de communication ;
- offre de formation et de services insuffisante et inadaptée au contexte local ;
- information insuffisante.
Pour combattre ces trois causes, ACP envisage un nombre assez important d'actions :
- ouverture d'un second cyber, dans un autre quartier de Ouagadougou ;
- poursuite de l'organisation de formations en informatique ;
- mise en place d'un centre de documentation/bibliothèque pour les enfants ;
- ouverture d'un centre de formation aux métiers de la teinture, de la couture et de la fabrication de savons pour jeunes filles-mères (les adolescentes enceintes sont en effet rejetées par leur famille, pour des raisons principalement culturelles, et se retrouvent à la rue avec leur enfant, sans possibilité de poursuivre leurs études) ;
- organisation de campagnes de sensibilisation au secourisme et à l'hygiène, aux effets néfastes de l'excision, et sur le paludisme.
Nous devons maintenant poursuivre cette étude et monter des dossiers de financement. En espérant qu'ils s'avèreront utiles !

*****
Réponse à Fabrice :
Au niveau santé, rien n'est gratuit, et il n'existe pas de système de sécurité sociale.
L'éducation est en théorie gratuite, mais les élèves doivent payer eux-mêmes leurs fournitures scolaires et leurs manuels. Un peu comme en France, sauf qu'ici beaucoup de parents n'ont pas les moyens et qu'il ne semble pas exister de système d'aide.

samedi 8 août 2009

Le cérémonial du thé

Comme je l'ai écrit dans un message précédent, la préparation et la dégustation du thé à la menthe est un acte fort de socialisation : les Burkinabè y passent des heures, et c'est l'occasion de discuter de tout et de rien ... En ce moment, surtout du tueur à la hache !

Cette coutume est surtout en vigueur du côté de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, à l'Ouest. Elle a été apportée par les Peuls venant du Sahara.



Le matériel


Le thé en train de bouillir : il doit bouillir trois fois


Le thé est longuement versé de la théière dans un verre puis réciproquement, plusieurs fois et de très haut, ce qui demande de la dextérité !


Bonne dégustation !


Indispensable avec le thé : les arachides (cacahuètes)

vendredi 7 août 2009

Psychose à Pissy

Bonjour,
saviez-vous que Ouaga n'a rien à envier à Hollywood ? Hier jeudi, plusieurs membres d'ACP ont du s'absenter de la formation que je dispensais pour aller à un enterrement. On enterrait en effet un habitant du quartier, sauvagement décapité à coups de hache la nuit précédente. Il s'agit du septième décs de la sorte en quelques mois dans le quartier : apparemment, un tueur en série rode ! Il agit toujours la nuit, force la porte des maisons et assassine les gens dans leur sommeil, à coups de hache. Etonnamment, il ne vole rien. Il est probable, car c'est ainsi qu'agissent beaucoup de voleurs ici, qu'il lance à travers la fenêtre un somnifère pour endormir la personne avant de pénétrer chez elle (les fenêtres n'ont généralement pas de vitre, juste des persiennes, voir ci-dessous).

En bon Occidental, j'ai suggéré la solution du chien de garde, mais ici les gens préfèrent les manger ... De toute façon, m'ont-ils rétorqué, il suffit de lancer de la viande au chien pour être tranquille : en effet les chiens ici ne sont généralement pas nourris, ils doivent se débrouiller pour trouver à manger.

Enfin, l'argument ultime : il paraît que certains voleurs ont recours à des marabouts qui leur donnent le pouvoir de traverser les murs ("C'est ça l'Afrique !" a conclu celui qui m'a dit cela). Dans ce cas, rien ne sert de se barricader ! Il ne semble donc pas y avoir de parade contre ce tueur en série, si ce n'est rester éveillé toute la nuit ... Plus prosaïquement, les habitants du quartier vont bien cadenasser leur porte (qui est en fer, voir photo), car apparemment l'assassin ne réussit pas toujours à rentrer : hier matin, au lendemain du dernier meurtre, un voisin de la personne assassinée a découvert deux persiennes arrachées et des coups de hache dans sa porte, restée bien fermée ...



Le type de portes et fenêtres qu'on rencontre ici


Histoire de rassurer ma famille, je précise que j'habite à une extrémité du quartier, et comme il semble que le tueur parcourt méthodiquement les pâtés de maisons les uns après les autres (un mort dans chaque, sauf pour deux d'entre eux), je devrais être rentré en France avant qu'il ne frappe à la porte ...

A bientôt ... j'espère !

Addendum samedi 08 : apparemment, il y a eu un autre meurtre de la même manière juste à côté la nuit suivante, c'est-à-dire jeudi soir. Le 8ème en 6 semaines, pour une tentative non réussie (la personne s'est réveillée et a fait fuir le tueur en série, mais sans pouvoir voir de qui il s'agissait). Histoire de rassurer tous ceux qui m'ont envoyé des messages ou des commentaires, regardez la photo montrant l'aspect des portes et des fenêtres ici : il faut vraiment forcer pour les ouvrir quand elles sont fermées. Toutes les personnes assassinées dormaient dehors (à cause de la chaleur) ou avaient des portes non verrouillées.

mercredi 5 août 2009

Quelques photos du cyber

Bonne nouvelle : mon appareil photo s'est remis à fonctionner ! Et cela sans que je ne touche à rien ...
Voici donc, pour illustrer un peu ce blog, quelques photos du cyber d'ACP, dans lequel je passe une bonne partie de mon temps ...



Le bâtiment abritant le cyber. Il est loué par ACP, qui n'en est pas propriétaire. A gauche du bâtiment se trouve une pompe à eau publique, et à droite une buvette.



Vue depuis la terrasse sur la rue (récemment goudronnée !).



Le panneau à l'entrée du cyber, avec les tarifs (1000 F CFA = 1.5 €). Les moins chers de Ouaga !



La salle, vue depuis la réception (située à gauche en entrant).



La salle, vue depuis la fenêtre de droite. Sur les 11 machines destinées au public, seules 5 sont connectées à Internet, à cause de la faiblesse du débit général. Les autres sont réservées pour les formations, ou pour les personnes qui veulent faire de la bureautique.



Le détail de la formation à la bureautique et Internet.



Reflet.


*****
Réponse à Fabrice (merci pour tes questions toujours très pertinentes, elles me permettent de compléter !) :
les clients sont principalement des jeunes, lycéens, étudiants ou jeunes travailleurs. Il y a également quelques gamins (apparemment bien débrouillards !) et aussi quelques personnes plus âgées, d'une trentaine ou une quarantaine d'années.
Il y a de tout au niveau des "connaissances" en informatique : des curieux qui découvrent ce qu'est un écran et un clavier et qui en 3 jours maîtrisent les bases, d'autres qui ont la volonté mais ont peur de tout casser (surtout des filles, mes collègues enseignants d'informatique en fac de sciences humaines comme Doms connaissent ça), des gens qui se débrouillent bien et surfent sur le web comme n'importe quel Européen, etc. La plupart font des fautes de français parfois assez grossières, mais il ne faut pas oublier qu'elle n'est pas leur langue maternelle.
Un point important : il n'y a pas d'Ibo qui vient au cyber. Les Ibos sont une ethnie du Nigéria spécialisée dans les arnaques sur Internet (et toutes autres sortes d'arnaques), d'après ce que m'ont dit les gens d'ici. Généralement ils passent leurs journées à squatter un cyber pour faire leurs "affaires" (envoi de spam, etc.). Les cybers laissent faire, sans doute car ça leur fait de bons clients. Ici c'est un cyber associatif, donc l'ACP se réserve le droit de filtrer les sites autorisés et de surveiller ce que font les clients : un Ibo qui viendrait faire des choses malhonnêtes serait sans aucun doute chassé sans ménagement, car le but de l'association est de faciliter l'accès à l'information au plus grand nombre de personnes défavorisées.

L'illettrisme touche une catégorie de population qui ne vient pas au cyber. En ce sens, j'ai une vision biaisée des réalités du Burkina Faso, même si Mahamadi a pris le soin de me faire rencontrer beaucoup de monde, y compris les personnes illettrées de sa famille (tantes et cousins). Mais comme ceux-ci ne parlent pas français, la discussion est difficile.

Le matériel est un don d'une association française, "Dunes Sous le Vent". Il semblerait que ce sont les anciens PC de la fac de MIAS de Toulouse. Ce sont des Pentium 4 sous Windows XP, sauf la machine qui sert de serveur, qui est un P3 ... et qui raaaame ... Pas d'écran plat, mais ils aimeraient bien. Pour les licences, elles sont au nom de la fac de MIAS de Toulouse.

mardi 4 août 2009

Habitudes burkinabè

Je continue mon petit aperçu des habitudes locales en me basant sur ce que je vis tous les jours depuis maintenant plus de deux semaines. Je pense que la chose la plus surprenante quand on atterrit en provenance d'Europe et qu'on s'attend à découvrir un pays (très) pauvre, c'est l'attrait des Burkinabè pour les nouvelles technologies. Comme écrit dans un message précédent, le cyber d'ACP est souvent plein ; les gens viennent principalement consulter leurs mails, chatter via Windows Live Messenger ou équivalent, mais aussi chercher des renseignements sur des formations universitaires en Europe ou au Canada. Par ailleurs, nombreuses sont les personnes qui viennent s'inscrire pour suivre les formations à la bureautique et Internet. Les Burkinabè ont tous un téléphone portable, à peu près comme en France, à la différence que le leur contient 2 cartes SIM et qu'ils en ont souvent plusieurs, pour avoir les réseaux des 3 opérateurs qui se partagent le marché et profiter au maximum des réductions. A la télévision, ces opérateurs sont, avec les vendeurs de mobylettes, de loin les plus gros annonceurs.

Au sujet de la télévision, il me semble que la plupart des Burkinabè reçoivent, en plus de la chaîne nationale RTB, au moins quelques chaînes panafricaines. Au programme de ces chaînes : informations, émissions de télé-réalité et télé-novelas, ces feuilletons à l'eau de rose brésiliens du style Dallas ou Santa Barbara et très mal doublés, dont ils raffolent. C'est très amusant de voir l'attroupement devant la buvette située juste à côté du cyber, qui possède une minuscule télé en noir et blanc, au moment de la diffusion de la télé-novelas "Les deux visages d'Ana". Les infos télévisées dans les pays africains n'ont pas grand-chose à voir avec celles qu'on connaît en Europe : pratiquement que des nouvelles locales ou régionales, et positives ! Le président a fait ceci, le gouvernement a fait cela, telle réunion a eu lieu, ... Mais apparemment les Burkinabè (et les Africains en général) ne sont pas dupes sur le manque d'objectivité des chaînes du pouvoir. Une exception notable : une émission d'interview politique qui a lieu tous les dimanches sur la chaîne nationale burkinabè, la RTB, et menée par le tout jeune directeur des programmes. Dimanche dernier, celui-ci a malmené le ministre de l'environnement par ses questions incisives comme j'ai rarement vu un journaliste français le faire ! La presse écrite semble elle relative libre au Burkina, et les Burkinabè en sont d'ailleurs fiers. Le quotidien local, qui s'appelle l'Observateur Paalga, ouvre notamment largement ses pages aux différents points de vues, et les chroniques ou éditos ne ménagent pas toujours le pouvoir. Cela ne semble pas être le cas dans les pays alentours, la palme revenant aux affligeantes chaînes de télévision nationales du Niger (où le président a organisé récemment un référendum pour s'arroger les pleins pouvoirs) et du Cameroun.

Parmi les autres centres d'intérêt des Burkinabè : le sport, et notamment le football. Près de la moitié des hommes et garçons que je croise portent un maillot d'une équipe de football. Les deux équipes actuellement les plus populaires sont Chelsea, dont le joueur star est l'Ivoirien Didier Drogba, adulé ici (les Burkinabè ont une relation particulière avec leur voisin ivoirien, notamment depuis l'émigration massive de près de 6 millions d'entre eux vers ce pays - alors qu'il y a aujourd'hui environ 10 millions d'habitants au Burkina, et 18 en Côte d'Ivoire ...), et Barcelone, qui jusqu'à cet été comptait dans ses rangs une autre idole locale, le Camerounais Samuel Eto'o fils. Ensuite viennent le Real de Madrid puis l'Olympique de Marseille. Mais n'importe quel Burkinabè mâle suit les championnats espagnol, anglais et français, et donc connaît aussi les autres équipes ! En ce qui me concerne, les joueurs où je porte mon maillot du FC Barcelone, je suis certain d'avoir droit à quelques remarques amicales à ce sujet.

Je n'ai pas vu jusqu'à présent de Ouagalais jouer aux cartes (je vais essayer de trouver un jeu et le temps de leur apprendre la coinche avant de partir !), ni à l'awalé. En revanche, j'en ai vu jouer aux dames, et à un jeu qui s'apparente aux petits chevaux. Ils jouent beaucoup aux jeux à gratter, et la LONAB (Loterie Nationale Burkinabè, équivalent de la Française des Jeux) est prospère. Le PMU semble bien fonctionner ici, mais comme il n'existe pas d'hippodrome dans le pays, les joueurs parient sur les courses françaises.

Enfin, je terminerai avec une habitude que j'ai rapidement adoptée : le rituel du thé à la menthe (à faire bouillir trois fois avant de servir !), parfois accompagné de cacahuètes, et qui est prétexte à de longues heures de discussion entre amis tranquillement installés à l'ombre d'un arbre.

A bientôt !

vendredi 31 juillet 2009

Mission : bilan deuxième semaine

Ma deuxième semaine au sein d'ACP se termine (presque) déjà. Cette semaine, la principale contrariété est venue de soucis de réseau. Les coupures de courant se font un peu plus épisodiques (une par joue en moyenne), mais elles sont ravageuses pour le matériel (de seconde main) du cyber géré par l'association. Ainsi, l'une d'entre elles a grillé mercredi le disque dur de la machine faisant office de serveur, et le cyber s'est retrouvé deux jours durant sans connexion Internet. Dur quand on sait que c'est sa principale activité (les deux autres étant d'une part la photocopie et le scan de documents, et d'autre part la formation à Windows, Word, Excel et Internet). L'association aurait vraiment besoin d'un onduleur pour prévenir ces pannes ... Pour info, il s'agit du seul cyber associatif, donc à but non lucratif, de l'arrondissement de Boulmiougou (100.000 habitants). Il pratique des tarifs 3 à 4 fois inférieurs à ceux des cybers privés, tout en restant légèrement bénéficiaire (les dépenses concernent principalement l'électricité ainsi que les salaires des deux secrétaires et du vigile).

La formation des formateurs s'est terminée ce vendredi. Dès le début de la semaine prochaine, c'est à eux d'agir ! Je serai néanmoins derrière eux pour les guider et les conseiller, car ils sont jeunes (ils rentrent en classe de 3ème, 2nde ou 1ère !), et n'ont aucune expérience. En particulier, on m'a averti qu'ici il est particulièrement difficile pour un jeune d'asseoir son autorité face à quelqu'un de plus âgé ; or cela la situation à laquelle ils devront faire face.

Dans le détail, je les ai brièvement formé à Calc (équivalent d'Excel : ce fut laborieux, car ils n'ont pas le recul nécessaire pour comprendre l'intérêt de ce logiciel) et à Impress (équivalent de Powerpoint). Ensuite, histoire de les impliquer davantage, je leur ai demandé de réfléchir à la formation qu'ils devront dispenser sur chacun des trois logiciels Writer, Calc et Impress, de la façon suivante :
1) individuellement, lister les notions à aborder, et dans quel ordre ;
2) mise en commun et discussion (sous ma direction) ;
3) brainstorming pour trouver un "fil conducteur" adapté au contexte local ;
4) création de documents ou ébauches sur lesquels s'appuieront les gens suivant la formation.
Ils ont ainsi rédigé un petit texte sur le Burkina Faso pour la formation à Writer (les apprenants devront recopier ce texte puis le mettre en forme), préparé une feuille Calc simple traitant du budget de leur équipe de handball, et écrit quelques ébauches de textes sur Ouagadougou destinés remplir les diapositives lors de la formation à Impress.
On verra la semaine prochaine ce que ça donne !

jeudi 30 juillet 2009

Famille et femmes

Parmi les spécificités africaines bien présentes au Burkina Faso, outre la patience et l'hospitalité des habitants, il en est deux qui sont très surprenantes pour un Occidental.

La première concerne la place centrale jouée par la famille, au sens large. J'ai déjà raconté comment les Burkinabè vivent tous sous le même toit au sein d'une famille élargie. Il faut comprendre que les liens entre les membres de la famille sont très forts, et qu'on ne peut pas survivre ici seul. Il existe une hiérarchie très claire au sein d'une famille : le patriarche a le pouvoir absolu, en contrepartie il est responsable de la subsistance de l'ensemble de la famille. A sa suite, chaque personne obéit sans discussion à toute personne plus âgée et de même sexe. J'ai été assez étonné en arrivant de la manière dont Mahamadi, qui est le chef de famille en tant que fils aîné du patriarche décédé, donne des ordres sans ménagement à ses jeunes frères, et de la façon dont ceux-ci s'exécutent sans broncher, même lorsqu'ils sont adolescents ! Mais lorsqu'une de ses soeurs s'est fait renverser par une voiture, c'est Mahamadi qui s'est occupé de tout : l'accompagnement à l'hôpital, la plainte au commissariat, etc.

La seconde tradition, qui se révèle assez choquante pour un Occidental, est assez liée à la première et concerne la place des femmes. Ici on considère (y compris les plus jeunes hommes, et pas mal de femmes) que le rôle des hommes est de ramener de l'argent à la maison pour subvenir aux besoins de la famille, et que celui des femmes est d'entretenir la maison et de s'occuper des enfants. Ainsi, les femmes préparent à manger pour les hommes (il est assez rare que ceux-ci le fassent,sauf lorsqu'ils vivent seuls, par exemple lorsqu'ils sont étudiants), qui mangent entre amis, mais elles mangent à part. Les hommes donnent véritablement l'impression d'être servis par les femmes quand ils rentrent du travail. Peu de chance de voir un homme participer aux tâches ménagères ou à l'éducation des enfants ! Deux autres petites illustrations de l'image de la femme en Afrique : une femme qui fume une cigarette est considérée comme une prostituée, et il est d'usage pour une femme de se marier avant d'avoir 24 ans (27 pour les hommes, quoique ceux que je connaisse doivent avoir atteint cette limite sans être mariés, bien qu'ils soient tous en couple). Autre chiffre : dans la classe de sixième d'un membre d'ACP (prof d'histoire-géo), l'année scolaire a commencé avec 10 grossesses. Les filles avaient 12 à 14 ans. Les hommes sont encore très réticents ici à voir des femmes occuper des postes à responsabilité, et jugent quand c'est le cas qu'elles abusent plus de leur pouvoir que les hommes.

Au niveau des relations de couple, après en avoir longuement discuté avec les membres d'ACP que je fréquente quotidiennement (tous des hommes), il semblerait que se marier, ou au moins avoir une relation "officielle", serve principalement à préserver l'harmonie des relations familiales décrites plus haut. Le batifolage et l'infidélité "font partie de la culture africaine", comme me l'a dit un membre de l'association. La polygamie est en théorie interdite au Burkina Faso, mais jusqu'à une certaine époque elle restait admise pour les musulmans et les animistes (cf. l'oncle de Mahamadi et ses trois femmes, dont j'ai parlé la dernière fois). Beaucoup d'hommes l'envisagent encore actuellement.

Pour terminer, je laisse chacun libre de juger ces pratiques comme il l'entend. Je ne fais ici que constater ces différences culturelles, et je pense qu'il est difficile d'avoir un avis objectif sans comprendre la totalité du contexte.

A bientôt.

*****
Réponse à Fabrice :
il y a environ 80 élèves par classe, donc logiquement une quarantaine de filles (je n'ai pas l'impression qu'il y ait une discrimination à ce niveau). Si 10 sont enceintes pendant l'année, ça fait un quart des filles de la classe ! Pour l'IVG je ne sais pas, mais je pense qu'effectivement il n'est pas pratiqué : trop cher et pour les catholiques pas conforme à ce que dit le Pape. Elles ne vont pas toutes être rejetée, ça dépend si le père assume ou pas. Et si le père n'assume pas, il existe aussi des familles compréhensives ...
Mais si le projet d'ouverture d'un centre de formation pour jeunes filles-mères tient à coeur à Mahamadi et à l'ACP, c'est que le problème du rejet de ces personnes existe bel et bien.

dimanche 26 juillet 2009

Y'a pas de problème !

Bonjour,
pour commencer, je voudrais revenir sur mon message précédent concernant l'environnement dans lequel je suis plongé. Certes le Burkina Faso est un pays pauvre (172ème sur 174 à l'Indice de Développement Humain), mais, en tout cas à Ouaga, ce n'est pas la misère complète. Comme me disait Salif, un membre d'ACP, un proverbe africain dit : "si Dieu ne t'aime pas, il te fait naître au Mali. S'il te déteste, il te fait naître au Burkina Faso. Et s'il ne veut vraiment pas de toi, il te fait naître au Niger." Ici, contrairement au Niger donc, ça n'est pas la famine, même si certaines familles doivent se contenter d'un repas par jour et s'il est poignant de voir des gamins en guenilles et pieds nus dans la rue, jouant au ballon avec un ballon crevé ou au cerceau avec un vieux pneu de mobylette.

Je pense que mes hôtes font partie de la classe moyenne supérieure : ils sont tous allés à l'université, qui après un bac A1, qui après un bac G2 (mais avoir le bac ici n'est pas une sinécure), ont poursuivi au moins jusqu'à la maîtrise, et beaucoup ont des emplois de bureau stables (comptable, prof au collège, ...). Mahamadi a fait l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature et est "conseiller aux affaires économiques". Il attend de connaître son affectation. En revanche, il m'a fait rencontrer la famille d'un de ses oncles aujourd'hui décédé (2 de ses 3 femmes et un de ses fils) : ceux-ci ne sont pas allés à l'école, ne parlent pas français (qui est pourtant la langue officielle du pays) et sont probablement illettrés. Ils vivent clairement beaucoup plus difficilement ; les deux femmes, âgées d'entre 60 et 65 ans, en font bien 30 de plus. Quand on sait que l'espérance de vie ici est de 47 ans, ça resitue ... De la même manière, parmi tous les gamins de la famille, le seul qui n'a pas peur du "Blanc" et qui est tout de suite venu vers moi, intrigué, est un petit neveu de Mahamadi âgé de 4 ans, Fadil. Fadil parle et comprend déjà parfaitement le français. Ses cousins, pourtant plus âgés mais qui ne vont pas encore à l'école et ne parlent que quelques mots de français (et encore), sont en revanche toujours intimidés par ma présence même une semaine après mon arrivée. On a pas mal sympathisé avec Fadil, c'est un gamin énergique et curieux. Il adorait prendre des photos avec mon appareil numérique, mais ça n'est plus possible car il l'a cassé (il a un peu forcé manuellement sur le zoom) ... En conséquence, je suis désolé mais je ne pourrai pas mettre de photos sur ce blog !





Le coupable (la dernière photo est un autoportrait)



Les gens ici sont très accueillants. Ils me demandent sans arrêt si je m'adapte bien, s'il ne fait pas trop chaud (il fait plus de 40°C tous les jours, la pluie se fait attendre), si je supporte la nourriture locale ... Je me fais parfois apostropher par des gamins dans la rue : "Nassara !", qui veut dire "Le blanc !" dans la langue locale, le Mooré ; mais c'est toujours uniquement pour me dire bonjour et éventuellement me demander si je vais bien. Contrairement à d'autres pays d'Afrique, je n'ai pas l'impression que les gens attendent des cadeaux ou essaient de voler les Blancs. On m'a dit que celui qui ferait ça risquait de se faire lyncher par les autres, trop soucieux de l'image d'hospitalité qu'ils donnent.

Ici, on voit beaucoup de gens dans les rues ne rien faire, simplement attendre. L'attente fait vraiment partie de la culture locale ; les gens ne sont pas pressés et n'ont pas de planning strict, ils s'adaptent. Exemple : lorsqu'une coupure d'électricité empêche une formation informatique de débuter à l'heure au cyber, les gens attendent bien sagement 1h30 que le courant revienne, assis sur des chaises à ne rien faire. Je pense que pour qu'un Européen supporte ça, il faut qu'il soit dans un état d'esprit de vacances, et surtout n'essaie pas de se fixer trop de contraintes. De toute manière avec les coupures d'eau ou d'électricité et la chaleur accablante qui empêche de faire quoi que ce soit entre 13h00 et 16h00, on est forcément obligé de s'adapter. Comme on dit ici à tout bout de champ : "y'a pas de problème !". Autre expression rigolote entendue pas mal de fois : "(...) ou bien ?" en fin de phrase, comme en Suisse ou vers Grenoble ("tu viens avec nous, ou bien ?").

Pour terminer sur les horaires, ils sont à peu près les suivants : réveil vers 5h00, au son du muezzin et des coqs. Les femmes et les enfants commencent leur journée peu après, alors que moi je m'accorde royalement une grasse matinée jusque vers 6h30-7h00. Si l'électricité est là, formation au cyber d'ACP de 8h00 (officiellement, en fait on commence au plus tôt à 8h30, le temps que tout le monde arrive) à 12h30 ou 13h00. Déjeuner puis sieste (pour moi surtout, qui ai du mal avec la chaleur - pour les locaux c'est soit sieste soit papotage) jusqu'à 16h00-16h30, retour au cyber ou discussion ou autre jusque vers 20h00, dîner vers 21h00, puis discussion jusqu'au bout de la nuit ... 23h00 pour moi, plutôt 1h00 du matin pour les locaux qui dorment très peu, 4 à 5 heures par nuit. Mais bon, apparemment "y'a pas de problème" !
A bientôt.

PS : mon numéro de téléphone local si certains d'entre vous souhaitent avoir des nouvelles fraîches : (00 226) 78 46 27 96.

*****
Réponse à Fabrice :
les palabres portent sur tout ! Sur le tueur à la hache, sur les résultats du foot, sur la copine d'untel qu'on trouve coincée ou pas sympa, sur untel qui a des soucis pour voir comment l'aider. Bref, comme les discussions de bistrot en France :-)

Bonne remarque sur l'espérance de vie : c'est à la naissance, bien sûr. La mortalité infantile est assez élevée, je ne compte pas le nombre de gosses dont on m'a parlé du décès (âgés d'environ 7 ans pour la plupart).

Mission : bilan première semaine

Ma première semaine au sein d'ACP aura été marquée par les coupures de courant, ainsi bien sûr que l'exceptionnel accueil de ses membres, et des Burkinabè en général.

La partie concernant la formation des formateurs en bureautique a pris du retard, puisque 4 séances ont eu lieu alors qu'il en faudra au moins 8. J'ai proposé de passer de Microsoft Office à OpenOffice, proposition tout de suite acceptée par Mahamadi, le président d'ACP, mais qui nécessite une initiation pour les formateurs, qui ne connaissent que Microsoft Word et Powerpoint. Ces futurs formateurs sont 4 jeunes du quartier, de 17 à 19 ans, qui se débrouillent un peu avec un ordinateur mais qui ne sont pas informaticiens. Ils auront à former la partie de la population locale qui n'a jamais touché un clavier d'ordinateur ni une souris.

Actuellement et les années précédentes, la formation est assurée par Mahamadi et un jeune d'une vingtaine d'année, qui est le responsable maintenance informatique du cyber que gère ACP. Cette formation se déroule suivant 4 volets : découverte du clavier et de l'environnement Windows, découverte de Microsoft Word, d'Excel, et initiation au web (créer une boîte e-mail, etc.). Ces deux personnes ne vont plus avoir le temps d'assurer ces formations, c'est pourquoi ils voudraient que les jeunes en question prennent la relève.

Mon programme pour la semaine qui vient est, si la Sonabel (compagnie nationale d'électricité) le permet, de terminer de former les 4 jeunes en question sur OpenOffice, de leur parler de pédagogie et de mettre au point avec eux un programme de formation à OpenOffice adapté aux besoins locaux (les exemples que je leur ai fournis en exercices sont faits pour des Occidentaux !). L'étape suivante, dès le week-end prochain normalement, sera de former les membres d'ACP à la conception de sites web, et de leur parler de maintenance informatique (A bas les virus ! Pendant que j'écris ce message, j'ai lancé Avast! Antivirus sur le PC qui m'a l'air le plus infesté ...).

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Réponse à Fabrice :
pas d'onduleur, mais c'est devenu la priorité numéro un pour le cyber ! Je ne sais pas comment le matériel fait pour tenir, ça ne durera peut-être pas longtemps. Les coupures sont dues au manque de pluie : les deux barrages qui servent à alimenter Ouaga en électricité sont à sec, et il n'y a pas encore de connexion avec les pays voisins pour en importer (mais c'est prévu, avec la Côte d'Ivoire). D'après la compagnie nationale d'électricité, des coupures sont à prévoir jusqu'à fin décembre ! Normalement un planning des coupures par secteur est fixé, mais il n'est pas respecté.

jeudi 23 juillet 2009

Environnement ouagalais

Bonjour !
Dans ce nouveau message je voudrais vous raconter un peu le dépaysement radical que je vis à Ouaga. Je vais commencer par décrire l'environnement dans lequel je me trouve ; je vous raconterai un autre jour les habitudes, étonnantes pour un Occidental, des Burkinabès.

Je vis chez Mahamadi dans une habitation qui ressemble à toutes celles du quartier (Pissy, dans le 17ème arrondissement, au sud-ouest de Ouaga). Une "habitation" est constituée de plusieurs blocs distincts, sans étage (hormis un grenier), autour d'une cour. Chaque bloc abrite un couple ou un membre adulte de la famille (la famille africaine est à comprendre au sens large : patriarche et sa ou ses femme(s), leurs - nombreux - fils et leurs femmes, et les enfants de ceux-ci, également nombreux bien sûr). Dans la cour vaquent de manière libre poules, chiens et chèvres.

Le bloc de Mahamadi fait environ 30 m^2 et comporte une chambre + un séjour (le séjour comporte un minuscule coin cuisine, avec un simple réchaud à gaz et un frigo - non branché ...). La salle de bain est constituée d'une unique douche (sans pommeau flexible, comme dans les vestiaires de sport !), avec de l'eau froide uniquement. Mais ça n'est pas un gros problème vu le climat :-) Pas de meuble ni de lavabo. Les toilettes sont dans une cabane au fond de la cour : il s'agit d'un simple trou, entouré d'une horde de mouches et moustiques ...

Certaines maisons n'ont pas l'eau courante ; ainsi je vois toute la journée les gens venir à la pompe à eau située juste à côté du cyber pour remplir leurs bidons. Nous avons eu trois jours de coupure d'eau jusqu'à aujourd'hui chez Mahamadi : douche au seau d'eau de rigueur ! Ca te rappelle des souvenirs d'Asie Centrale Marie ?

Les coupures d'électricité sont fréquentes, comme dit précédemment : plusieurs heures tous les jours en cette période. Mais au moins on a l'électricité, contrairement à d'autres quartiers de la ville ! Eclairage uniquement au néon, et pas d'éclairage public : il fait nuit noire à 18h30. En revanche, ventilateurs (qui tanguent parfois dangereusement ...) à tous les plafonds, et chez Mahamadi au moins moustiquaires à toutes les fenêtres.

Plus étonnant, tout le monde possède, et utilise intensivement, un téléphone portable dernière génération, contenant souvent deux cartes SIM ! L'iPod fait également fureur en ce moment. Je reviendrai la prochaine fois sur la télé burkinabè, entre autres choses.

Au niveau infrastructures, seules les routes principales sont goudronnées (et parfois bien défoncées). La plupart sont en terre, d'où la poussière ocre qui vole en permanence dans l'air ... tout comme les mouches. Peu de voitures, principalement des énormes 4x4 (plus gros que ceux qu'on voit en France) aux vitres fumées, ainsi que de vieilles Mercedes. Je n'ai pas vérifié si, comme me disait François, elles ont toutes au moins 500.000 km au compteur ! Pratiquement tout le monde circule à vélo ou en mobylette. Sans casque, il fait trop chaud ! C'est avec ce moyen de locomotion que les membres d'ACP me transportent d'un lieu à l'autre. J'ai aussi vu quelques carioles tirées par des ânes. Les gens qui transportent de volumineuses marchandises les mettent soit sur le porte-bagages de leur vélo, avec un équilibre qui laisse pantois, soit sur leur tête ... et dans ce cas-là ils circulent à pied !

A bientôt pour un petit paragraphe sur les us et coutumes du Burkina Faso.

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Réponse à Fabrice :
j'avais amené des pastilles pour purifier l'eau, mais ils m'ont fait boire de l'eau en bouteille systématiquement (malgré mes récriminations, car ça leur coûte cher). L'hospitalité burkinabè ...

mardi 21 juillet 2009

Début de ma mission

Bonjour à tous !
Voici un premier message en direct de Ouagadougou. En fait je l'ai écrit (sur papier) ce matin pendant une période d'oisiveté ce matin, coupure d'électricité oblige. Les coupures de courant sont fréquentes à Ouaga (plusieurs par jour), et durent parfois plusieurs heures, comme ce matin. Autant dire que ça ne facilite pas ma mission de formation informatique !

Je suis arrivé samedi soir, et j'ai été chaleureusement accueilli par plusieurs membres d'ACP. Je suis hébergé ces 15 premiers jours chez Mahamadi, le président de l'association, et je serai ensuite logé chez un autre membre de l'association nommé Thomas. Tout le monde est extraordinairement prévenant avec moi ; au-delà de l'hospitalité connue des Burkinabè, ma chance vient du fait que Mahamadi et Thomas ont passés 15 jours en France au printemps dernier, invités par une association toulousaine nommée Dunes Sous Le Vent, dont ACP est partenaire (c'est cette association qui leur a offert le matériel informatique dont ils disposent) et qui s'est extrêmement bien occupé d'eux. Ils veulent rendre la pareille au Français de passage :-)

L'équipe d'ACP m'a présenté ses actions et son cyber[pas café] dimanche, mais je suis vraiment rentré dans le feu de l'action hier lundi, avec le début de la formation informatique. Et comme prévu, il a fallu s'adapter aux imprévus :-) J'avais préparé sur ma clé USB tous les documents dont j'avais besoin, mais les ordis du cyber sont infestés de virus, qui m'ont tout effacé. J'ai donc passé la matinée à refaire des téléchargements de ces documents (que j'avais eu la présence d'esprit de mettre sur un site web ...), au débit vertigineux de 4 ko/s, et à installer OpenOffice sur les machines. Une première webcam a aussi été installée ; les autres le seront plus tard, quand l'ACP aura trouvé un endroit sécurisé pour les ranger, car il y a paraît-il des vols fréquents dans ce genre d'endroits (même des vols de souris ! Et pas en apesanteur avec le CNES ! [private joke pour les membres d'EVASION]). On a finalement décidé de faire un ménage radical en formatant les machines et en réinstallant Windows (XP), mais du coup il a fallu ensuite réinstaller OpenOffice ... L'après-midi a eu lieu (avec une heure de retard,
pour cause de coupure de courant ...) une initiation à l'informatique pour les gens du quartier, organisée par ACP, à laquelle 5 personnes (des jeunes : de 15 à 25 ans environ) se sont inscrites. En deux heures, il s'agissait vraiment des bases : découverte de l'environnement Windows et de la frappe au clavier (exercice final : recopier dans Word un petit texte fourni sur papier - compter au moins 5 minutes par ligne ...). A certaines personnes qui voulaient tout de suite prolonger la formation et apprendre de nouvelles choses, Mahamadi a répondu qu'il fallait pratiquer avant d'aller plus loin, ce avec quoi je suis complètement d'accord. La suite de la formation a donc lieu dans 3 jours seulement, avec l'initiation à Word. Entre temps, ces personnes peuvent revenir au cyber quand elles le souhaitent pour s'exercer. La formation complète dure une dizaine d'heures, et comporte également une initiation à Excel et à la navigation Internet. Ce soir, un autre groupe de 4 personnes (de jeunes adultes) suit également cette formation.

A bientôt, dans mon prochain message je vous donnerai mes premières impressions sur la vie au Burkina Faso, car je suis vraiment immergé et on me fait rencontrer beaucoup de personnes (qui plus est chez elles durant leur quotidien !). Je reviendrai plus tard sur mon apport à la formation en place : j'ai déjà convaincu Mahamadi d'abandonner Microsoft Office et de passer à OpenOffice :-)

PS : pas de photo, trop long à charger !

mercredi 15 juillet 2009

Derniers préparatifs

Bonjour,
trois jours avant le départ, je peaufine mes derniers préparatifs. Comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessous, j'ai pu grâce à vos dons faire des achats assez variés : 12 webcams avec casque intégré, 13 clés USB de 1 Go (merci à TopOffice Tours pour le rabais sur ces équipements), 2 aspirateurs USB - équipement demandé récemment par ACP - et 2 bouquins. J'ai été briefé sur le passage de la douane : présenter l'ordre de mission mais surtout éviter de présenter la facture, pour qu'un fonctionnaire zélé ne demande pas une petite taxe ... Et dire que le matériel sert à ma mission, mais ne pas parler de don, pour la même raison ...



Par ailleurs, aux dernières nouvelles, le planning que je donnais dans le message précédent n'est plus valable : Mahamadi Tassembedo, président d'ACP, m'a envoyé un chronogramme détaillé (à la demie journée !) et les différentes formations s'entremêlent. J'arriverai notamment alors qu'ACP est en pleine période de "formation aux TIC" (pour les candides, "Techniques de l'Information et de la Communication", rien à voir avec de vilaines bestioles qui piquent) pour les gens du quartier. On a donc convenu que je commencerai par observer comment ils agissent avant de donner mon grain de sel. Pour faire bref, je dois visiter le "cyber centre" d'ACP et rencontrer les responsables de l'association dimanche. La semaine prochaine 4 après-midis sont prévus pour la formation aux TIC, et 2 autres pour commencer à discuter et évaluer les besoins de l'association. Les matins, je suis sensé dispenser mon savoir sur la pédagogie et OpenOffice, mais je pense qu'il va falloir adapter ça à la formation qu'ils donnent en même temps. Je vous tiendrai au courant, bien sûr, si la connexion le permet :-)

A bientôt en direct de Ouaga.