Bière
Les Burkinabè boivent pas mal de bières. Il existe trois bières locales : la Brakina, la So.B.Bra et la Castel, qui sont des blondes classiques. La Flag, une bière ghanéenne, est aussi appréciée. Mais la bière préférée des Burkinabè est ... la Guinness, qu'ils boivent avec du Coca-Cola (2/3 Guinness 1/3 Coca) et beaucoup de glaçons ! Le mélange a un étrange goût amer un peu chocolaté, pas du tout désagréable. Même s'il peut choquer les puristes, je vous recommande de l'essayer au moins une fois, c'est très surprenant et pas mauvais du tout.
Maternité
Quelques chiffres ... D'après ce que me racontait Faissal (prof d'histoire-géo en collège et lycée) sur ses classes, 25% des filles de sa classe de sixième étaient enceintes cette année. En moyenne, une femme a encore entre 5 et 8 ou 9 enfants, mais tous n'arriveront pas à l'âge adulte. Enfin, on estime qu'une fille qui arrive à 26 ans et qui est célibataire est un cas désespéré ...
Nourriture
De mon séjour burkinabè je retiendrai d'abord le tô, le plat national : pâte de mil, ou parfois de maïs, assaisonné d'une sauce, à l'oseille par exemple. Le benga est le haricot local, très bon. Encore meilleur est le dégué, un mélange de yaourt et de grumeaux de petit mil. La soupe de petit mil se prend au petit déjeuner, avec au moins 5 sucres (d'une manière générale les Burkinabè sucrent énormément leurs plats). Enfin pour le côté exotique, je n'oublierai pas les chenilles noires (une spécialité de l'ouest du pays), qui ont un goût très prononcé, proche du gibier, mais finalement pas si mauvais que cela. Tout cela sans oublier que dans 90% des repas, on mange principalement du riz ! Avec un peu de sauce (riz-sauce) ou un peu de viande (riz-gras).
Parenté à plaisanterie
Les Africains ont un concept très intéressant qui permet de désactiver les conflits inter-ethniques : la parenté à plaisanterie. Ce concept relie les ethnies deux par deux (ou trois), et indique qu'un membre d'une ethnie peut proférer une certaine insulte à un membre de l'autre ethnie sans craindre de dommage, car il s'agit de plaisanterie. Exemple : les Samo (une des 60 ethnies du Burkina : deux membres d'ACP sont de cette ethnie) traitent les Mossi (principale ethnie, à laquelle appartiennent la plupart des membres d'ACP) de voleurs, et réciproquement les Mossi traitent les Samo de buveurs de yontorô, une boisson locale. D'après ce qu'on m'a dit, un Samo peut se présenter devant l'empereur des Mossi, le Mogho Naba, et le traiter de voleur, celui-ci n'a pas le droit de bouger un orteil !
Le Mogho Naba actuel, un homme très respecté pour sa sagesse, et toujours souriant (image de yayemarieba.blogspot.com).
Talibé
Etonnamment, je n'ai pas croisé beaucoup de mendiants à Ouagadougou. Les gens essaient de survivre en vendant diverses petites choses ou services, mendier est très mal vu. Les seuls mendiants que j'ai croisés sont des enfants, qui se baladent avec de petites boîtes de conserves et sollicitent les passants d'un regard implorant. D'après Mahamadi, ce sont des membres de la secte des Talibé (je ne sais pas s'il y a un lien avec les talibans : c'est probable, au moins d'un point de vue étymologique), qui est une secte musulmane. Tous les revenus de la "quête" vont au gourou, qui nourrit ensuite les enfants et dispose d'eux à sa guise. Inutile de préciser qu'ils sont très mal vus par les Ouagalais ; je n'ai jamais vu personne leur donner quoi que ce soit (et pourtant ils doivent bien (sur)vivre, d'une manière ou d'une autre !).
Université
Cette rubrique intéressera principalement mes collègues ... J'ai eu la chance de pouvoir discuter avec un collègue enseignant en informatique à l'université de Bobo-Dioulasso (deuxième ville du pays). Le pays entier compte moins d'étudiants que Grenoble (qui en compte 60.000). Un enseignant doit statutairement faire environ 220h de cours ou équivalent ... sachant qu'une heure de TD ou un TP vaut, comme en France, 66% d'une heure de cours. Pour comparaison, en France nous devons faire 192h de TD ou équivalent. Comme chez nous, ils font tous des heures sup', mais je ne sais pas si comme nous ils font de la recherche. La personne avec laquelle j'ai discuté a un DEA (français), mais pas de thèse, et envisage d'en faire une. A l'université où elle exerce, il n'y a que 3 maîtres de conférences en informatique, qu'on appelle ici "maître assistant". Il y a, pour tout le pays, uniquement un professeur d'université en informatique (grade supérieur). Je pense qu'à Grenoble nous devons avoir une cinquantaine de professeurs en informatique (minimum), et une centaine de maîtres de conférences ...
Voilà, ceci était sans doute mon dernier message sur ce blog (à moins que je n'ajoute quelques extraits de mon rapport de mission, mais presque tout ce que j'y ai écrit figure aussi ici, ou que je ne réponde à quelques questions). Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont rendu cette mission possible :
- Développement Sans Frontières, et notamment Valentin Pécot ;
- mon père, pour tous ses conseils et son aide précieuse ;
- les généreux donateurs, Paul le premier ;
- tous ceux qui ont lu ce blog et m'ont fait part de leurs commentaires ou questions ;
- enfin évidemment les membres de l'ACP, et plus particulièrement Mahamadi, Thomas, Koulsoum et Isa, ainsi que les familles Tassembedo et Nana, dont j'ai partagé la vie pendant un mois. Merci aussi à l'hospitalité de tous les Burkinabè.
J'espère avoir suscité quelques vocations pour les missions de volontariat équitable et/ou le Burkina Faso ...
Merci à tous pour votre lecture.