samedi 22 août 2009

En vrac (2)

Je termine ce blog avec quelques nouvelles différences culturelles entre le Burkina Faso et la France ...

Bière
Les Burkinabè boivent pas mal de bières. Il existe trois bières locales : la Brakina, la So.B.Bra et la Castel, qui sont des blondes classiques. La Flag, une bière ghanéenne, est aussi appréciée. Mais la bière préférée des Burkinabè est ... la Guinness, qu'ils boivent avec du Coca-Cola (2/3 Guinness 1/3 Coca) et beaucoup de glaçons ! Le mélange a un étrange goût amer un peu chocolaté, pas du tout désagréable. Même s'il peut choquer les puristes, je vous recommande de l'essayer au moins une fois, c'est très surprenant et pas mauvais du tout.

Maternité
Quelques chiffres ... D'après ce que me racontait Faissal (prof d'histoire-géo en collège et lycée) sur ses classes, 25% des filles de sa classe de sixième étaient enceintes cette année. En moyenne, une femme a encore entre 5 et 8 ou 9 enfants, mais tous n'arriveront pas à l'âge adulte. Enfin, on estime qu'une fille qui arrive à 26 ans et qui est célibataire est un cas désespéré ...

Nourriture
De mon séjour burkinabè je retiendrai d'abord le tô, le plat national : pâte de mil, ou parfois de maïs, assaisonné d'une sauce, à l'oseille par exemple. Le benga est le haricot local, très bon. Encore meilleur est le dégué, un mélange de yaourt et de grumeaux de petit mil. La soupe de petit mil se prend au petit déjeuner, avec au moins 5 sucres (d'une manière générale les Burkinabè sucrent énormément leurs plats). Enfin pour le côté exotique, je n'oublierai pas les chenilles noires (une spécialité de l'ouest du pays), qui ont un goût très prononcé, proche du gibier, mais finalement pas si mauvais que cela. Tout cela sans oublier que dans 90% des repas, on mange principalement du riz ! Avec un peu de sauce (riz-sauce) ou un peu de viande (riz-gras).

Parenté à plaisanterie
Les Africains ont un concept très intéressant qui permet de désactiver les conflits inter-ethniques : la parenté à plaisanterie. Ce concept relie les ethnies deux par deux (ou trois), et indique qu'un membre d'une ethnie peut proférer une certaine insulte à un membre de l'autre ethnie sans craindre de dommage, car il s'agit de plaisanterie. Exemple : les Samo (une des 60 ethnies du Burkina : deux membres d'ACP sont de cette ethnie) traitent les Mossi (principale ethnie, à laquelle appartiennent la plupart des membres d'ACP) de voleurs, et réciproquement les Mossi traitent les Samo de buveurs de yontorô, une boisson locale. D'après ce qu'on m'a dit, un Samo peut se présenter devant l'empereur des Mossi, le Mogho Naba, et le traiter de voleur, celui-ci n'a pas le droit de bouger un orteil !



Le Mogho Naba actuel, un homme très respecté pour sa sagesse, et toujours souriant (image de yayemarieba.blogspot.com).


Talibé
Etonnamment, je n'ai pas croisé beaucoup de mendiants à Ouagadougou. Les gens essaient de survivre en vendant diverses petites choses ou services, mendier est très mal vu. Les seuls mendiants que j'ai croisés sont des enfants, qui se baladent avec de petites boîtes de conserves et sollicitent les passants d'un regard implorant. D'après Mahamadi, ce sont des membres de la secte des Talibé (je ne sais pas s'il y a un lien avec les talibans : c'est probable, au moins d'un point de vue étymologique), qui est une secte musulmane. Tous les revenus de la "quête" vont au gourou, qui nourrit ensuite les enfants et dispose d'eux à sa guise. Inutile de préciser qu'ils sont très mal vus par les Ouagalais ; je n'ai jamais vu personne leur donner quoi que ce soit (et pourtant ils doivent bien (sur)vivre, d'une manière ou d'une autre !).

Université
Cette rubrique intéressera principalement mes collègues ... J'ai eu la chance de pouvoir discuter avec un collègue enseignant en informatique à l'université de Bobo-Dioulasso (deuxième ville du pays). Le pays entier compte moins d'étudiants que Grenoble (qui en compte 60.000). Un enseignant doit statutairement faire environ 220h de cours ou équivalent ... sachant qu'une heure de TD ou un TP vaut, comme en France, 66% d'une heure de cours. Pour comparaison, en France nous devons faire 192h de TD ou équivalent. Comme chez nous, ils font tous des heures sup', mais je ne sais pas si comme nous ils font de la recherche. La personne avec laquelle j'ai discuté a un DEA (français), mais pas de thèse, et envisage d'en faire une. A l'université où elle exerce, il n'y a que 3 maîtres de conférences en informatique, qu'on appelle ici "maître assistant". Il y a, pour tout le pays, uniquement un professeur d'université en informatique (grade supérieur). Je pense qu'à Grenoble nous devons avoir une cinquantaine de professeurs en informatique (minimum), et une centaine de maîtres de conférences ...

Voilà, ceci était sans doute mon dernier message sur ce blog (à moins que je n'ajoute quelques extraits de mon rapport de mission, mais presque tout ce que j'y ai écrit figure aussi ici, ou que je ne réponde à quelques questions). Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont rendu cette mission possible :
- Développement Sans Frontières, et notamment Valentin Pécot ;
- mon père, pour tous ses conseils et son aide précieuse ;
- les généreux donateurs, Paul le premier ;
- tous ceux qui ont lu ce blog et m'ont fait part de leurs commentaires ou questions ;
- enfin évidemment les membres de l'ACP, et plus particulièrement Mahamadi, Thomas, Koulsoum et Isa, ainsi que les familles Tassembedo et Nana, dont j'ai partagé la vie pendant un mois. Merci aussi à l'hospitalité de tous les Burkinabè.

J'espère avoir suscité quelques vocations pour les missions de volontariat équitable et/ou le Burkina Faso ...
Merci à tous pour votre lecture.

vendredi 21 août 2009

Compléments d'information

Suite aux judicieuses questions de Fabrice, je vous signale que j'ai complété plusieurs messages avec des informations supplémentaires. Pour les gens que ça intéresse !

Petit lexique français-mooré

Le français est la langue officielle du Burkina Faso, utilisée notamment dans l'administration, mais elle n'est la langue maternelle de personne (même si certains parents, comme ceux de Fadil, font l'effort de parler aussi en français à leurs enfants). Elle est apprise à l'école, dès le CP1.

Le mooré est la langue des Mossi (ou Mossé), la principale ethnie du pays (environ 50% de la population), qui est concentrée à Ouagadougou et dans sa région. A ce titre, le mooré est compris par à peu près tous les Ouagalais, même ceux des autres ethnies (bien qu'ils ne le parlent pas forcément).

La deuxième langue autochtone principale au Burkina Faso est le dioula, surtout parlée dans l'ouest autour de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays avec environ 300.000 habitants (contre 1 million à Ouagadougou). C'est également une des principales langues du Mali.

Je ne connais qu'un mot en dioula : "toubabou" qui veut dire "le Blanc". En revanche j'ai eu le temps d'apprendre quelques mots de mooré, et je peux vous assurer que leur emploi par un Blanc fait toujours forte impression auprès des autochtones.

Le mooré étant, comme la plupart des langues africaines, une langue orale (le seul livre que j'ai vu écrit en mooré est la Bible), l'orthographe que je vous propose pour chacun des mots est non garantie et provient de l'interprétation de mon oreille. D'ailleurs, mes amis Burkinabè n'ont pas été capables de m'assurer d'une orthographe exacte pour ces mots. De plus, certains sons sont inconnus en français, j'ai essayé de transcrire au plus près ce que j'entendais.

Bonjour
(le matin) Yiibéogo (auquel on répond par : yiibékibéma)
(entre 11h et 16h) Windga (auquel on répond par : windkéma)
(le soir) Zaabré (auquel on répond par : zaabrékéma)
A ces six mots, la formule de politesse (quand on s'adresse à un ancien, à quelqu'un d'important, etc.) demande d'ajouter le préfixe ni : nizaabré, etc.

Bonne arrivée
Niwongo

Comment ça va ?
Kibaré ? ou manawana ?

Ca va bien
Lafi bala
Lafi signifie littéralement "la santé" : "lafi bala" signifie "la santé va bien", "j'ai la santé".

Ca va, et toi ?
Lafi béhémé

Pas de problème
Yellékabé

Aucun problème
Yellékayé

Il y a un problème
Yellébém
Vous l'aurez compris, "problème" se dit yellé.

Au revoir (à un autre jour)
Nindaaré

A tout à l'heure
Bilfou
Bilfou signifie également "un petit peu".

A demain
Beogo
Beogo signifie en fait "demain".

A bientôt
Wakat

Oui
Nyé/Änyé
Le n est inspiré, ce qui donne un son difficile à reproduire en français, d'où les deux traductions que je vous propose.

Non
Ayo

Merci
Barka
Barka peut signifier pas mal de choses, et notamment "il faut faire une remise !" lors d'une négociation.

Viens !
Waka

J'arrive
Watam

Je veux
Data

C'est bon
Yasoma

C'est le pied
Karaga
Merci au jeune Abdou de m'avoir appris ce mot :-)

Blanc (couleur de peau)
Nassara

Noir (couleur de peau)
Nissa blega

Ami
Dowa (ou Zowa ?)

Etranger
Saana

Enfant
Biiga

Grand frère
Kiéma

Petit frère
Miowa

Dieu
Wend
Beaucoup de commerces s'appellent Wend quelque chose : "Wend konta" qui veut dire "Donné par Dieu" par exemple.

Voiture
Mobile
Adapté du français "automobile".

Mobylette/moto
Moteur
Adapté du français.

Vélo
Wifo

Eau
Kôôm

Thé


Boire
You
Exemple de phrase : "Data kôôm you".

C'est combien ? (demande d'un prix)
Wanawana
Ne pas confondre avec "manawana" qui veut dire "comment ça va ?"

jeudi 20 août 2009

Musique

Ceux qui me connaissent savent que je ne pouvais pas faire un blog sans parler de musique à un moment ou à un autre ...

Avant de débarquer à Ouaga, le seul artiste burkinabè que je connaissais était Victor Démé. Paradoxalement, il est plus connu ici en France, où il bénéficie d'une bonne distribution (notamment à la FNAC), que là-bas. Ce bluesman à la Ali Farka Touré est originaire de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, et chante en dioula, ce qui fait qu'il n'est pas compris par la majorité des Ouagalais, qui parlent mooré. Cependant, le clip de son morceau "Djon Maya" commence à être diffusé à la télévision burkinabè.

La musique burkinabè est un mélange de beaucoup de choses : musique ivoirienne très dansante (la danse connue est le "coupé décalé" et la dernière danse à la mode est l'"épaule cassée"), reggae, hip hop, musique malienne imprégnée de kora (instrument à cordes ouest-africain, dont un des maîtres est le Malien Toumani Diabaté, que vous pouvez écouter ici). On ressent également parfois des influences cubaines ou créoles. Je laisse les spécialistes débattre des liens entre musiques africaines et musiques des descendants des esclaves africains dans ces îles ...

Le tube qui cartonne en ce moment à Ouaga est de l'artiste Floby et s'intitule "Kardjatou". Inutile de préciser qu'il est très dansant, même si cet artiste sait aussi faire des chansons plus tranquilles. Il chante lui en mooré. Autres artistes en vogue : Bil Aka Kora, dont j'ai pu admirer l'excellent guitariste en concert (avec un autre groupe), Ismo Vitalo (ce dernier fait du reggae). Personnellement j'aime bien également Alif Naaba et les Messagers Pacifiques (groupe de reggae bien rythmé).

Expressions burkinabè

Le français parlé au Burkina comporte quelques expressions savoureuses. J'ai essayé d'en noter quelques-unes, que voici avec leur signification. Voir aussi le site Ouaga ça bouge.

Ambiancer : avoir de l'ambiance.
Exemple : "la soirée organisée par les enfants était bien ambiancée hier soir".

Bonne arrivée : bienvenue.
Voir mon message à ce sujet.

Cailler : faire chaud.
Exemple : "il n'est que 10 heures du matin, et ça caille déjà mal mal mal".
Paradoxalement, signifie également "faire froid". En conclusion, seul le contexte permet de saisir la signification :-)

Chinoiserie : produit chinois.
Généralement de piètre qualité mais proposé à un prix imbattable. Voir mon message à ce sujet.

Demander la route : prendre congé.
Par politesse, avant de quitter une personne qui nous a invité (à discuter, à boire un verre), on lui "demande la route". Celle-ci ne répond pas en général, c'est juste une expression : "il se fait tard, nous allons vous demander la route".

Ca fait deux jours : ça fait longtemps.
Exemple : "Hé Blaise ! Ca fait deux jours [qu'on ne s'est pas vu] ! Comment ça va ?"

Gâter : abimer.
Exemple : "Fadil a gâté l'appareil photo de Franck".

Go : fille.
Exemple : "t'as vu la go là-bas ?"

Goudron : route ou rue bitumée.
Exemple : "pour aller chez Mahamadi à partir du cyber, il faut traverser le goudron puis prendre le troisième 6-mètres à droite".

Goutter : pleuvoir légèrement.
On dit "il pleut" quand il y a une vraie pluie d'orage, virulente. Sinon, on dit "il goutte".

Maquis : bar/brasserie.
Ouaga regorge de ces établissements bon marché très appréciés des Burkinabè.

Ou bien : n'est-ce pas.
Exemple : "Pour être séduisante, une fille doit avoir un bon poids. Ou bien, Franck ?"

Poulet bicyclette/poulet télévision [ou télévisé] : poulet grillé/poulet à la broche.
"Bicyclette" car les poulets ici courent librement dans les cours et dans les rues, et ils ont donc les cuisses des coureurs cyclistes. "Télévision" car le four dans lequel le poulet tourne ressemble à une télévision.

Produit : médicament.
Exemple : "Tu as mal à la tête et des courbatures ? C'est peut-être le palu, prends des produits."

Sap sap : rapidement.
Exemple : "J'ai formation à 18 heures, je dois rentrer sap sap".

Six-mètres : pâté de maison.
Exemple : "le tueur à la hache a étrangement assassiné une personne dans chaque six-mètres du quartier".

Sucrerie : boisson sucrée non alcoolisée.
Les sucreries qu'on rencontre à Ouaga sont le Coca-Cola, le Fanta, le Sprite et le Tonic.

Tantie : femme d'au moins une trentaine d'années (expression affectueuse).
Exemple : (à sa voisine) "Bonjour Tantie ! Ca va ?"
Beaucoup de magasins s'appellent par exemple "chez Tantie X".

Un peu : moyen, pas top.
Exemple : "Comment ça va ?" "Ca va un peu." Généralement l'autre répond alors quelque chose du style : "ah très bien alors" => au Burkina, on ne se plaint pas, et quand quelque chose ne va vraiment pas, c'est à ses amis qu'on en parle, pas à celui qui nous le demande.

lundi 17 août 2009

Recette du thé vert

Mes amis burkinabè m'ont donné leur recette du thé vert (voir mon message précédent à ce sujet). J'ai pu faire mon premier thé, qu'ils ont trouvé très bon mais que personnellement j'ai eu plus de mal à digérer :-) Du coup, ils m'ont décerné le titre de "faki" (faiseur de thé).



Le matériel nécessaire.


Les sachets de thé que l'on trouve à Ouagadougou : en provenance de Hong Kong (encore une chinoiserie !).


Quantités :
30g de thé vert, éventuellement de la menthe ou du gingembre
beaucoup de sucre
pas mal d'eau

1) Mettre les feuilles de thé dans la théière, et recouvrir complètement d'eau. Ajouter éventuellement la menthe ou le gingembre. Laisser bouillir à feu très doux. Plus longtemps le thé bout, meilleur sera le thé. Personnellement, je laisse bouillir 5 à 10 minutes.

2) Refroidir le liquide en versant successivement de la théière vers un grand verre ou un gobelet, et réciproquement, ceci un grand nombre de fois (au moins 3 ou 4 : personnellement, je le fais environ 10 fois). Si on le fait de très haut, le thé refroidira plus vite (voir les photos ci-dessous).

3) Répéter les opérations 1), puis 2), puis répéter 1) une troisième fois.

4) Recueillir l'eau dans le grand verre, sucrer à volonté une seconde théière, et tranférer l'eau du verre à cette seconde théière.

5) Remettre la même quantité d'eau dans la première théière (qui contient les feuilles de thé), et mettre à bouillir pour préparer la deuxième tournée. Une troisième peut éventuellement être envisagée, mais le thé ne sera pas très fort.

6) Créer de la mousse en versant successivement le mélange eau/sucre de la seconde théière au grand verre, puis réciproquement, un grand nombre de fois et surtout très rapidement.

7) Verser la mousse dans les verres à thé, réchauffer quelques minutes le thé (on peut éventuellement ajouter le menthe ou le gingembre à ce moment-là), puis ajouter le thé à la mousse dans les verres.

Bonne dégustation ! Et merci à Hyacinthe pour cette recette et ses conseils.






*****
Etant donné que je n'arrive à publier de commentaires sur mon propre blog, je réponds ici à Anonyme :
pas de problème, quand tu veux !

Quartier de Pissy : quelques photos supplémentaires

Avant mon départ, voici quelques photos supplémentaires du quartier au sein duquel j'ai vécu un mois.



La maison de Thomas, où j'ai vécu la seconde moitié de mon séjour. A gauche le coin toilettes, en arrière-plan le bloc où vit Thomas (ses parents vivent dans un bloc derrière), à droite des parpaings qu'il a entassé en vue de la construction de sa propre maison, prévue pour cet automne.


Un maquis (bar/brasserie), de l'autre côté de la route.


Magasins à côté de chez Thomas.


Celui-ci vend à manger.


Les voisins de Mahamadi vendent l'équipement nécessaire pour faire le thé : sucre, charbon de bois, etc.


Ils élèvent aussi deux chèvres (comme tout le monde), qu'ils laissent la journée devant chez eux.


Un petit neveu de Mahamadi avec son jouet préféré.


Une petite voisine.


Rue voisine à la rue où habite Mahamadi, et où j'ai passé les deux premières semaines de mon séjour. Typique, mais avec une porte luxueuse en plus : l'entrée de la maison d'un (très) riche comptable (je suis allé le rencontrer : il fait partie des parrains d'ACP).

Mission : bilan quatrième semaine

Cette dernière semaine, j'ai poursuivi, au gré des coupures aléatoires de courant (les gens pestent d'ailleurs contre l'absence de planning des coupures de la part de la compagnie nationale d'électricité), mes activités de formation auprès de membres d'ACP : maintenance, OpenOffice, ...

J'ai également supervisé les jeunes nouveaux formateurs dans leur prise en main de la formation en bureautique. Ils sont motivés et se débrouillent plutôt bien, malgré quelques défauts classiques chez les nouveaux enseignants (tentation de montrer et faire à la place des personnes formées, notamment). Les voici à l'oeuvre :






Nous avons également, avec certains membres, poursuivi l'évaluation des besoins de l'association. Nous avons ajouté deux projets à la liste des activités prévues, citée la semaine dernière : d'une part, l'organisation de cours (gratuits) de vacances pour les enfants en classe de 6ème et 3ème, en maths, français et anglais (voir mon message sur le système éducatif), et d'autre part l'amélioration des services proposés au cyber (meilleur débit de connexion, ajout d'une imprimante couleur et d'une machine à relier les documents, ...). Ces deux projets engendrent des besoins humains difficiles à combler sur place, et qui vont faire l'objet d'offres de mission auprès de Développement Sans Frontières : besoin d'un ou de plusieurs enseignants bénévole(s) pour le premier projet, et d'un spécialiste réseaux pour le second. Si ça vous intéresse, n'hésitez pas à m'en parler !

Par ailleurs, nous avons effectué quelques visites auprès des autorités : mairie d'arrondissement, Ministère de la jeunesse et de l'emploi, ambassade de France. J'ai pu constaté à cette occasion que l'association est une association déjà bien connue de divers responsables, et qu'il y avait parmi les "parrains" (mécènes privés qui ont financé l'association à ses débuts) d'ACP des noms prestigieux : président de la Cour des Comptes, cousin direct de la Première Dame, etc.

Nous avons également procédé à la remise officielle des dons à l'association. ACP remercie les généreux donateurs, et leur indique par mon entremise qu'ils sont les bienvenus à Ouagadougou, où ils seront reçus comme des rois (comme je le fus !).






Mon séjour se termine, je rentre dans la nuit de mardi à mercredi. Il me reste encore pas mal de choses à vous raconter, aussi je complèterai ce blog à mon retour en France. Je vous invite donc à continuer à lui rendre visite !

Pour terminer, un petit message personnel : bon vent à Valentin, désormais ex-responsable Afrique francophone de DSF, pour ses nouvelles activités.

vendredi 14 août 2009

Système éducatif

Le système éducatif du Burkina Faso est à la fois proche et différent du système français.

Il en est proche au sens où le pays a calqué le cursus et le nom des diplômes de l'ancien pays colonisateur. Petites exceptions : le CP dure deux ans, et on entre en CP1 à 7 ans. Si tout va bien, on passe donc le bac à 20 ans.

Mais il est rare que cela soit le cas. En effet, le taux de réussite est extrêmement bas comparé à la France, quelque soit la classe. Petit exemple que m'a donné une enseignante : dans une classe (standard) de 6ème de 79 élèves, seuls 26 passent en 5ème à la rentrée. D'après ce qu'on m'a dit, cet exemple n'est pas une exception et au contraire est représentatif (il l'est également pour l'effectif d'une classe !). Dans les années à examen (CM2, 3ème, Terminale), le taux de réussite est encore plus faible. Au niveau du bac, il est exceptionnellement de 40% cette année, contre 25% il y a quelques années (et du coup, bien sûr, les anciens disent que le bac est dévalué ...). Deux raisons invoquées par les Burkinabè avec qui j'ai discuté, pour expliquer ces taux : d'une part, la difficulté du niveau des examens par rapport à leurs homologues français, et d'autre part le manque de pédagogie de beaucoup d'enseignants (mais l'effectif des classes me semble une circonstance atténuante). Les enseignants sont formés à peu près comme en France : recrutement à bac+3 ou 4, une année de formation théorique à la pédagogie, puis une année de stage devant une classe. Ils sont ensuite titularisés, si tout va bien. On ne m'en a pas parlé, mais je pense que beaucoup d'élèves n'ont pas les facilités françaises pour réviser leurs cours chez eux : parents dans l'incapacité d'aider, par manque de temps ou de compétences, nécessité pour l'élève de travailler en plus de la classe pour ramener de l'argent à la famille, ...

Dans le supérieur aussi, le système français a été calqué. D'ailleurs, le Burkina Faso va bientôt passer au LMD (Licence-Master-Doctorat). Le taux de réussite ne semble pas beaucoup plus brillant : environ 20% pour les BTS dont on m'a parlé, idem pour les DUT. Autre similitude avec la France : la grève des enseignants du supérieur ce printemps, pour des histoires de salaires non versés.

La principale différence entre le Burkina Faso et la France vient du fait qu'ici les diplômes (certificat d'études - qui a été conservé, et BEPC notamment) sont des concours, avec un nombre fixé d'admis. De plus, certains élèves réussissent ces concours mais choisissent de "bisser" (redoubler) car ils n'ont pas obtenu de bourse pour poursuivre, et sont dans l'incapacité financière de le faire : ils espèrent l'année suivante atteindre un rang suffisamment bon au concours pour obtenir la bourse gouvernementale. Un élève peut bisser une fois seulement chaque classe, il doit ensuite changer d'établissement ... sachant que le privé n'a pas bonne réputation (à l'exception de quelques établissements catholiques). Pour pallier à ces problèmes engendrés par le manque de ressources financières des parents, un système original de parrainage existe : chaque enseignant se voit réserver deux places dans son établissement ; les parents ou tuteurs des élèves souhaitant changer de collège ou lycée cherchent donc parmi leurs connaissances, ou les relations de leurs connaissances, un enseignant qui accepterait l'enfant dans son établissement. Les enseignants accueillent même ces enfants chez eux, dans le cas où l'établissement est éloigné géographiquement du domicile des parents. Apparemment, ils servent également de tuteur scolaire à ces élèves, et les aident dans leurs études. Enfin, dernière différence avec la France : de nombreux enseignants arrondissent leurs fins de mois en tant que consultant.

Comme le disait Abraham Lincoln, "les hommes naissent libres et égaux, mais c'est la dernière fois qu'ils le sont" : cette petite description/comparaison en est une illustration, à tous points de vue.
A bientôt pour les derniers messages avant mon retour.

PS : suite à ces constatations sur les problèmes financiers et les taux peu élevés de réussite, j'ai soulevé l'idée qu'ACP organise des cours gratuits pour les élèves pendant les vacances, sans savoir si ce concept européen était applicable ici. Après quelques jours de réflexion, Mahamadi a totalement adhéré à cette idée et nous avons rajouté ce projet aux projets de l'association. La location d'un local et du matériel pourrait se faire grâce au partenariat qu'entretient déjà ACP avec quelques écoles du quartier, et la venue d'un Français prêt à enseigner gratuitement (contre la prise en charge de son logement et de sa nourriture, comme moi actuellement) pourrait se faire via Développement Sans Frontières. Les matières visées sont les matières scientifiques plus l'anglais : un étudiant français en fac de sciences serait l'intervenant idéal, vu le faible niveau requis (niveau de primaire, voire de début de collège). Apparemment, il semble difficile de trouver quelqu'un sur place pour assurer cette activité bénévolement, d'où l'idée de faire appel à un Européen.

*****
Réponse à Fabrice :
Je n'ai assisté à aucun cours ... En ce moment ce sont les vacances d'été ! J'ai juste eu la chance de discuter avec un prof d'histoire-géo, de collège-lycée, et avec bien sûr les autres Burkinabè qui m'ont également donné leur avis.

Je pense qu'ils ont des manuels, mais comme le reste c'est à leurs frais, donc peut-être tous ne l'ont-ils pas ? Je ne pense pas qu'il ait beaucoup d'absentéïsme, en revanche très bonne remarque sur le français : ils font pas mal de fautes d'orthographe, y compris les adultes, et maîtrisent mal les articles ("le", "la", etc.), qui ne doivent pas exister dans leur langue maternelle.

jeudi 13 août 2009

En vrac

Bonjour,
voici à nouveau quelques observations dépaysantes (enfin je l'espère) sur le Burkina Faso, cette fois-ci en vrac.

Bonne arrivée
Ici on ne dit pas "bienvenue", on dit "bonne arrivée". En revanche, on le dit à tout bout de champ : quand quelqu'un descend de l'avion, arrive chez soi, revient du travail (ou au travail pour saluer un collègue qui arrive). L'hospitalité est vraiment une des caractéristiques principales des Burkinabè.

Chinoiseries
C'est ainsi qu'on appelle ici les objets chinois à des prix imbattables (mais souvent de piètre qualité) qui inondent le marché et tuent l'économie locale, du textile synthétique qui remplace progressivement le coton produit sur place à la mobylette, ... et aux filles de joie en provenance directe de l'Empire du Milieu qui font une concurrence sévère à leurs homologues africaines (lu dans le journal loca, je n'ai pas testé !).

Justice
Une anecdote pour illustrer le fonctionnement de la police et de la justice locale : il y a quelques années ou quelques mois sévissaient autour de Ouagadougou des coupeurs de route (bandits de grand chemin qui arrêtent les véhicules pour en rançonner les occupants). Un jour, ceux-ci font l'erreur, sans le savoir, d'arrêter et de détrousser un ministre, qui rentrait au village. Quelques mois plus tard, il n'y avait plus aucun coupeur de route dans le pays : tous avaient été traqués puis abattus sans sommation, et sans faire de prisonnier, par la police. Ce genre de "nettoyage" a bien sûr été entaché de quelques bavures, comme ce chauffeur de car abattu sans préavis car il avait eu le malheur de prendre en stop, sans le savoir, des coupeurs de route qui cherchaient à fuir incognito ...

Paludisme
Il fait vraiment partie de la vie courante ici. J'ai l'impression que tout le monde l'a attrapé au moins une fois dans sa vie. En 3 semaines, j'ai rencontré trois malades actuels et on m'a parlé d'autres cas. Depuis hier, mon hôte actuel Thomas est atteint de la maladie : courbatures, douleurs aux articulations, grosse fièvre, vomissements, migraines occasionnelles et grosse fatigue. Heureusement le paludisme se soigne bien maintenant, et ce n'est plus l'affaire que de quelques jours ... quand on s'y prend à temps et qu'on a les moyens de se faire soigner : il y a deux semaines le fils d'un voisin de Mahamadi, âgé de 7 ans, est décédé du paludisme.

Religion
A Ouaga les gens sont soit Musulmans (environ 60% d'entre eux d'après mes estimations personnelles), soit Chrétiens (environ 40%). Il ne semble pas y avoir d'animistes, alors qu'ils sont encore 25% dans le reste du pays (pour 50% de Musulmans et 25% de Chrétiens). La cohabitation entre les différentes religions se passe apparemment sans problème (de toute façon, je vous rappelle qu'"il n'y a pas de problème !"). Les Chrétiens ne se plaignent pas des appels à la prière des muezzins de jour comme de nuit, et les Musulmans ne disent rien contre le prosélytisme des Chrétiens dont beaucoup portent des chemises conteant des messages à la gloire de Jésus :-) La plupart des Chrétiens sont catholiques, même s'il existe quelques communautés protestantes évangéliques (dont les démonstrations publiques à la manière américaine font sourire les Burkinabè ...), et sont très pratiquants. J'ai assisté par curiosité à deux messes : les églises sont bondées, et les chorales, qui interprètent des chants proches du gospel, d'excellent niveau (un régal pour les oreilles !). Les Musulmans sont majoritairement chiites, et me semblent relativement peu pratiquants : beaucoup semblent ne pas répondre aux appels du muezzin (mais j'ai quand même vu un peu partout des Musulmans poser leur tapis et s'accroupir pour prier), j'en connais qui boivent de l'alcool ou mangent du porc, et peu portent la barbe. Il existe une minorité sunnite, apparemment plus radicale : les quelques femmes qu'on croise en burqa ou niqab sont sunnites.

Secteur informel
On regroupe sous ce terme tous les vendeurs occasionnels, ambulants ou non. Leurs recettes échappent aux impôts, ce qui crée un gros manque à gagner pour l'Etat. Néanmoins, ils sont si nombreux à (sur)vivre de cette façon qu'ils font partie du paysage, et contrairement à la France les gens achètent très volontiers à ces vendeurs de T-shirts, cartes de téléphone, arachides, CD, jeux à gratter, fruits, journaux, ... D'autres proposent de menus services pour un prix dérisoire : j'ai ainsi fait cirer mes chaussures pour 50 Francs CFA, soit 7,5 centimes d'euro !

Dans mon prochain message, je donnerai quelques détails sur le système éducatif au Burkina. A bientôt !

lundi 10 août 2009

Le quartier de Pissy en photos

Maintenant que j'ai récupéré mon appareil photo, je vais essayer de vous illustrer un peu l'environnement dans lequel je me trouve. Les trois premières photos ci-dessous sont des vues de chez Mahamadi, le président d'ACP, qui m'a hébergé les deux premières semaines. Les photos suivantes ont été prises devant chez Thomas, qui m'héberge pour le restant de ma mission, sauf les deux dernières qui illustrent le voisinage du cyber (situé à 500m de chez Mahamadi).

Pour information, j'ai également complété quelques messages précédents avec des photos.







Deux petits neveux de Mahamadi.


Boutique à côté de chez Thomas.


Sur la grande route devant chez Thomas, comme partout ailleurs, circulent librement les chèvres.


Un taxi-brousse.


La buvette à côté du cyber.


Une boutique en face du cyber.

Pluie d'orage

Samedi, nous avons enfin pu avoir un peu de pluie dans le quartier. Normalement il pleut beaucoup en août, mais cette année ça n'est pas le cas (réchauffement climatique ... D'ici quelques années le Sahel descendra jusqu'à Ouagadougou, c'est pour lutter contre cette tendance que des opérations de reboisement sont régulièrement menées). Du coup, la chaleur est suffocante : officiellement entre 30 et 35°C, mais la température ressentie avoisine plutôt les 40°C.

Le problème, c'est quand les caniveaux débordent ...





Mission : bilan troisième semaine

Ma mission s'est poursuivie cette semaine selon deux axes principaux : la formation au langage HTML de quelques membres et sympathisants d'ACP, et le début d'étude des besoins de l'association, grâce aux outils de gestion de projet fournis par DSF. Parallèlement, j'ai aussi suivi les débuts des jeunes formateurs en bureautique, que j'avais formé les deux semaines précédentes : tout s'est bien passé, même s'ils ont eu tendance à aller top vite au départ (ce qui est normal).

ACP m'avait demandé d'initier certains membres à la conception de sites web. Plutôt que de les former à l'utilisation d'un logiciel spécifique type Frontpage ou Dreamweaver, j'ai préféré leur enseigner les rudiments du fonctionnement de ce genre de logiciels, pour qu'ils en comprennent les mécanismes sousjacents et en soient indépendants. Il est clair qu'utiliser un de ces logiciels est beaucoup plus simple et efficace que de programmer directement en HTML, aussi je leur ai également montré un petit logiciel libre (NVU) et je leur ai apporté un livre sur ce sujet. Néanmoins, en maîtrisant les bases du HTML, ils peuvent maintenant créer leur(s) site(s) de manière plus flexible et également s'assurer que celui-ci sera visionné correctement aux quatre coins du globe (problème de gestion des accents, etc.).

Au niveau de la gestion de projet, nous avons construit avec Mahamadi et deux autres membres d'ACP un arbre des problèmes pour l'association, puis un arbre des solutions, avant d'en déduire les objectifs spécifiques de l'association ainsi que les activités envisagées pour répondre à ces objectifs. Pour résumer, ACP s'attaque au (vaste) problème de l'insertion socio-économique des jeunes au Burkina. Ces difficultés d'insertion sont dues à trois types de causes :
- coût d'accès élevé aux services d'éducation, de santé, de communication ;
- offre de formation et de services insuffisante et inadaptée au contexte local ;
- information insuffisante.
Pour combattre ces trois causes, ACP envisage un nombre assez important d'actions :
- ouverture d'un second cyber, dans un autre quartier de Ouagadougou ;
- poursuite de l'organisation de formations en informatique ;
- mise en place d'un centre de documentation/bibliothèque pour les enfants ;
- ouverture d'un centre de formation aux métiers de la teinture, de la couture et de la fabrication de savons pour jeunes filles-mères (les adolescentes enceintes sont en effet rejetées par leur famille, pour des raisons principalement culturelles, et se retrouvent à la rue avec leur enfant, sans possibilité de poursuivre leurs études) ;
- organisation de campagnes de sensibilisation au secourisme et à l'hygiène, aux effets néfastes de l'excision, et sur le paludisme.
Nous devons maintenant poursuivre cette étude et monter des dossiers de financement. En espérant qu'ils s'avèreront utiles !

*****
Réponse à Fabrice :
Au niveau santé, rien n'est gratuit, et il n'existe pas de système de sécurité sociale.
L'éducation est en théorie gratuite, mais les élèves doivent payer eux-mêmes leurs fournitures scolaires et leurs manuels. Un peu comme en France, sauf qu'ici beaucoup de parents n'ont pas les moyens et qu'il ne semble pas exister de système d'aide.

samedi 8 août 2009

Le cérémonial du thé

Comme je l'ai écrit dans un message précédent, la préparation et la dégustation du thé à la menthe est un acte fort de socialisation : les Burkinabè y passent des heures, et c'est l'occasion de discuter de tout et de rien ... En ce moment, surtout du tueur à la hache !

Cette coutume est surtout en vigueur du côté de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, à l'Ouest. Elle a été apportée par les Peuls venant du Sahara.



Le matériel


Le thé en train de bouillir : il doit bouillir trois fois


Le thé est longuement versé de la théière dans un verre puis réciproquement, plusieurs fois et de très haut, ce qui demande de la dextérité !


Bonne dégustation !


Indispensable avec le thé : les arachides (cacahuètes)

vendredi 7 août 2009

Psychose à Pissy

Bonjour,
saviez-vous que Ouaga n'a rien à envier à Hollywood ? Hier jeudi, plusieurs membres d'ACP ont du s'absenter de la formation que je dispensais pour aller à un enterrement. On enterrait en effet un habitant du quartier, sauvagement décapité à coups de hache la nuit précédente. Il s'agit du septième décs de la sorte en quelques mois dans le quartier : apparemment, un tueur en série rode ! Il agit toujours la nuit, force la porte des maisons et assassine les gens dans leur sommeil, à coups de hache. Etonnamment, il ne vole rien. Il est probable, car c'est ainsi qu'agissent beaucoup de voleurs ici, qu'il lance à travers la fenêtre un somnifère pour endormir la personne avant de pénétrer chez elle (les fenêtres n'ont généralement pas de vitre, juste des persiennes, voir ci-dessous).

En bon Occidental, j'ai suggéré la solution du chien de garde, mais ici les gens préfèrent les manger ... De toute façon, m'ont-ils rétorqué, il suffit de lancer de la viande au chien pour être tranquille : en effet les chiens ici ne sont généralement pas nourris, ils doivent se débrouiller pour trouver à manger.

Enfin, l'argument ultime : il paraît que certains voleurs ont recours à des marabouts qui leur donnent le pouvoir de traverser les murs ("C'est ça l'Afrique !" a conclu celui qui m'a dit cela). Dans ce cas, rien ne sert de se barricader ! Il ne semble donc pas y avoir de parade contre ce tueur en série, si ce n'est rester éveillé toute la nuit ... Plus prosaïquement, les habitants du quartier vont bien cadenasser leur porte (qui est en fer, voir photo), car apparemment l'assassin ne réussit pas toujours à rentrer : hier matin, au lendemain du dernier meurtre, un voisin de la personne assassinée a découvert deux persiennes arrachées et des coups de hache dans sa porte, restée bien fermée ...



Le type de portes et fenêtres qu'on rencontre ici


Histoire de rassurer ma famille, je précise que j'habite à une extrémité du quartier, et comme il semble que le tueur parcourt méthodiquement les pâtés de maisons les uns après les autres (un mort dans chaque, sauf pour deux d'entre eux), je devrais être rentré en France avant qu'il ne frappe à la porte ...

A bientôt ... j'espère !

Addendum samedi 08 : apparemment, il y a eu un autre meurtre de la même manière juste à côté la nuit suivante, c'est-à-dire jeudi soir. Le 8ème en 6 semaines, pour une tentative non réussie (la personne s'est réveillée et a fait fuir le tueur en série, mais sans pouvoir voir de qui il s'agissait). Histoire de rassurer tous ceux qui m'ont envoyé des messages ou des commentaires, regardez la photo montrant l'aspect des portes et des fenêtres ici : il faut vraiment forcer pour les ouvrir quand elles sont fermées. Toutes les personnes assassinées dormaient dehors (à cause de la chaleur) ou avaient des portes non verrouillées.

mercredi 5 août 2009

Quelques photos du cyber

Bonne nouvelle : mon appareil photo s'est remis à fonctionner ! Et cela sans que je ne touche à rien ...
Voici donc, pour illustrer un peu ce blog, quelques photos du cyber d'ACP, dans lequel je passe une bonne partie de mon temps ...



Le bâtiment abritant le cyber. Il est loué par ACP, qui n'en est pas propriétaire. A gauche du bâtiment se trouve une pompe à eau publique, et à droite une buvette.



Vue depuis la terrasse sur la rue (récemment goudronnée !).



Le panneau à l'entrée du cyber, avec les tarifs (1000 F CFA = 1.5 €). Les moins chers de Ouaga !



La salle, vue depuis la réception (située à gauche en entrant).



La salle, vue depuis la fenêtre de droite. Sur les 11 machines destinées au public, seules 5 sont connectées à Internet, à cause de la faiblesse du débit général. Les autres sont réservées pour les formations, ou pour les personnes qui veulent faire de la bureautique.



Le détail de la formation à la bureautique et Internet.



Reflet.


*****
Réponse à Fabrice (merci pour tes questions toujours très pertinentes, elles me permettent de compléter !) :
les clients sont principalement des jeunes, lycéens, étudiants ou jeunes travailleurs. Il y a également quelques gamins (apparemment bien débrouillards !) et aussi quelques personnes plus âgées, d'une trentaine ou une quarantaine d'années.
Il y a de tout au niveau des "connaissances" en informatique : des curieux qui découvrent ce qu'est un écran et un clavier et qui en 3 jours maîtrisent les bases, d'autres qui ont la volonté mais ont peur de tout casser (surtout des filles, mes collègues enseignants d'informatique en fac de sciences humaines comme Doms connaissent ça), des gens qui se débrouillent bien et surfent sur le web comme n'importe quel Européen, etc. La plupart font des fautes de français parfois assez grossières, mais il ne faut pas oublier qu'elle n'est pas leur langue maternelle.
Un point important : il n'y a pas d'Ibo qui vient au cyber. Les Ibos sont une ethnie du Nigéria spécialisée dans les arnaques sur Internet (et toutes autres sortes d'arnaques), d'après ce que m'ont dit les gens d'ici. Généralement ils passent leurs journées à squatter un cyber pour faire leurs "affaires" (envoi de spam, etc.). Les cybers laissent faire, sans doute car ça leur fait de bons clients. Ici c'est un cyber associatif, donc l'ACP se réserve le droit de filtrer les sites autorisés et de surveiller ce que font les clients : un Ibo qui viendrait faire des choses malhonnêtes serait sans aucun doute chassé sans ménagement, car le but de l'association est de faciliter l'accès à l'information au plus grand nombre de personnes défavorisées.

L'illettrisme touche une catégorie de population qui ne vient pas au cyber. En ce sens, j'ai une vision biaisée des réalités du Burkina Faso, même si Mahamadi a pris le soin de me faire rencontrer beaucoup de monde, y compris les personnes illettrées de sa famille (tantes et cousins). Mais comme ceux-ci ne parlent pas français, la discussion est difficile.

Le matériel est un don d'une association française, "Dunes Sous le Vent". Il semblerait que ce sont les anciens PC de la fac de MIAS de Toulouse. Ce sont des Pentium 4 sous Windows XP, sauf la machine qui sert de serveur, qui est un P3 ... et qui raaaame ... Pas d'écran plat, mais ils aimeraient bien. Pour les licences, elles sont au nom de la fac de MIAS de Toulouse.

mardi 4 août 2009

Habitudes burkinabè

Je continue mon petit aperçu des habitudes locales en me basant sur ce que je vis tous les jours depuis maintenant plus de deux semaines. Je pense que la chose la plus surprenante quand on atterrit en provenance d'Europe et qu'on s'attend à découvrir un pays (très) pauvre, c'est l'attrait des Burkinabè pour les nouvelles technologies. Comme écrit dans un message précédent, le cyber d'ACP est souvent plein ; les gens viennent principalement consulter leurs mails, chatter via Windows Live Messenger ou équivalent, mais aussi chercher des renseignements sur des formations universitaires en Europe ou au Canada. Par ailleurs, nombreuses sont les personnes qui viennent s'inscrire pour suivre les formations à la bureautique et Internet. Les Burkinabè ont tous un téléphone portable, à peu près comme en France, à la différence que le leur contient 2 cartes SIM et qu'ils en ont souvent plusieurs, pour avoir les réseaux des 3 opérateurs qui se partagent le marché et profiter au maximum des réductions. A la télévision, ces opérateurs sont, avec les vendeurs de mobylettes, de loin les plus gros annonceurs.

Au sujet de la télévision, il me semble que la plupart des Burkinabè reçoivent, en plus de la chaîne nationale RTB, au moins quelques chaînes panafricaines. Au programme de ces chaînes : informations, émissions de télé-réalité et télé-novelas, ces feuilletons à l'eau de rose brésiliens du style Dallas ou Santa Barbara et très mal doublés, dont ils raffolent. C'est très amusant de voir l'attroupement devant la buvette située juste à côté du cyber, qui possède une minuscule télé en noir et blanc, au moment de la diffusion de la télé-novelas "Les deux visages d'Ana". Les infos télévisées dans les pays africains n'ont pas grand-chose à voir avec celles qu'on connaît en Europe : pratiquement que des nouvelles locales ou régionales, et positives ! Le président a fait ceci, le gouvernement a fait cela, telle réunion a eu lieu, ... Mais apparemment les Burkinabè (et les Africains en général) ne sont pas dupes sur le manque d'objectivité des chaînes du pouvoir. Une exception notable : une émission d'interview politique qui a lieu tous les dimanches sur la chaîne nationale burkinabè, la RTB, et menée par le tout jeune directeur des programmes. Dimanche dernier, celui-ci a malmené le ministre de l'environnement par ses questions incisives comme j'ai rarement vu un journaliste français le faire ! La presse écrite semble elle relative libre au Burkina, et les Burkinabè en sont d'ailleurs fiers. Le quotidien local, qui s'appelle l'Observateur Paalga, ouvre notamment largement ses pages aux différents points de vues, et les chroniques ou éditos ne ménagent pas toujours le pouvoir. Cela ne semble pas être le cas dans les pays alentours, la palme revenant aux affligeantes chaînes de télévision nationales du Niger (où le président a organisé récemment un référendum pour s'arroger les pleins pouvoirs) et du Cameroun.

Parmi les autres centres d'intérêt des Burkinabè : le sport, et notamment le football. Près de la moitié des hommes et garçons que je croise portent un maillot d'une équipe de football. Les deux équipes actuellement les plus populaires sont Chelsea, dont le joueur star est l'Ivoirien Didier Drogba, adulé ici (les Burkinabè ont une relation particulière avec leur voisin ivoirien, notamment depuis l'émigration massive de près de 6 millions d'entre eux vers ce pays - alors qu'il y a aujourd'hui environ 10 millions d'habitants au Burkina, et 18 en Côte d'Ivoire ...), et Barcelone, qui jusqu'à cet été comptait dans ses rangs une autre idole locale, le Camerounais Samuel Eto'o fils. Ensuite viennent le Real de Madrid puis l'Olympique de Marseille. Mais n'importe quel Burkinabè mâle suit les championnats espagnol, anglais et français, et donc connaît aussi les autres équipes ! En ce qui me concerne, les joueurs où je porte mon maillot du FC Barcelone, je suis certain d'avoir droit à quelques remarques amicales à ce sujet.

Je n'ai pas vu jusqu'à présent de Ouagalais jouer aux cartes (je vais essayer de trouver un jeu et le temps de leur apprendre la coinche avant de partir !), ni à l'awalé. En revanche, j'en ai vu jouer aux dames, et à un jeu qui s'apparente aux petits chevaux. Ils jouent beaucoup aux jeux à gratter, et la LONAB (Loterie Nationale Burkinabè, équivalent de la Française des Jeux) est prospère. Le PMU semble bien fonctionner ici, mais comme il n'existe pas d'hippodrome dans le pays, les joueurs parient sur les courses françaises.

Enfin, je terminerai avec une habitude que j'ai rapidement adoptée : le rituel du thé à la menthe (à faire bouillir trois fois avant de servir !), parfois accompagné de cacahuètes, et qui est prétexte à de longues heures de discussion entre amis tranquillement installés à l'ombre d'un arbre.

A bientôt !