mardi 4 août 2009

Habitudes burkinabè

Je continue mon petit aperçu des habitudes locales en me basant sur ce que je vis tous les jours depuis maintenant plus de deux semaines. Je pense que la chose la plus surprenante quand on atterrit en provenance d'Europe et qu'on s'attend à découvrir un pays (très) pauvre, c'est l'attrait des Burkinabè pour les nouvelles technologies. Comme écrit dans un message précédent, le cyber d'ACP est souvent plein ; les gens viennent principalement consulter leurs mails, chatter via Windows Live Messenger ou équivalent, mais aussi chercher des renseignements sur des formations universitaires en Europe ou au Canada. Par ailleurs, nombreuses sont les personnes qui viennent s'inscrire pour suivre les formations à la bureautique et Internet. Les Burkinabè ont tous un téléphone portable, à peu près comme en France, à la différence que le leur contient 2 cartes SIM et qu'ils en ont souvent plusieurs, pour avoir les réseaux des 3 opérateurs qui se partagent le marché et profiter au maximum des réductions. A la télévision, ces opérateurs sont, avec les vendeurs de mobylettes, de loin les plus gros annonceurs.

Au sujet de la télévision, il me semble que la plupart des Burkinabè reçoivent, en plus de la chaîne nationale RTB, au moins quelques chaînes panafricaines. Au programme de ces chaînes : informations, émissions de télé-réalité et télé-novelas, ces feuilletons à l'eau de rose brésiliens du style Dallas ou Santa Barbara et très mal doublés, dont ils raffolent. C'est très amusant de voir l'attroupement devant la buvette située juste à côté du cyber, qui possède une minuscule télé en noir et blanc, au moment de la diffusion de la télé-novelas "Les deux visages d'Ana". Les infos télévisées dans les pays africains n'ont pas grand-chose à voir avec celles qu'on connaît en Europe : pratiquement que des nouvelles locales ou régionales, et positives ! Le président a fait ceci, le gouvernement a fait cela, telle réunion a eu lieu, ... Mais apparemment les Burkinabè (et les Africains en général) ne sont pas dupes sur le manque d'objectivité des chaînes du pouvoir. Une exception notable : une émission d'interview politique qui a lieu tous les dimanches sur la chaîne nationale burkinabè, la RTB, et menée par le tout jeune directeur des programmes. Dimanche dernier, celui-ci a malmené le ministre de l'environnement par ses questions incisives comme j'ai rarement vu un journaliste français le faire ! La presse écrite semble elle relative libre au Burkina, et les Burkinabè en sont d'ailleurs fiers. Le quotidien local, qui s'appelle l'Observateur Paalga, ouvre notamment largement ses pages aux différents points de vues, et les chroniques ou éditos ne ménagent pas toujours le pouvoir. Cela ne semble pas être le cas dans les pays alentours, la palme revenant aux affligeantes chaînes de télévision nationales du Niger (où le président a organisé récemment un référendum pour s'arroger les pleins pouvoirs) et du Cameroun.

Parmi les autres centres d'intérêt des Burkinabè : le sport, et notamment le football. Près de la moitié des hommes et garçons que je croise portent un maillot d'une équipe de football. Les deux équipes actuellement les plus populaires sont Chelsea, dont le joueur star est l'Ivoirien Didier Drogba, adulé ici (les Burkinabè ont une relation particulière avec leur voisin ivoirien, notamment depuis l'émigration massive de près de 6 millions d'entre eux vers ce pays - alors qu'il y a aujourd'hui environ 10 millions d'habitants au Burkina, et 18 en Côte d'Ivoire ...), et Barcelone, qui jusqu'à cet été comptait dans ses rangs une autre idole locale, le Camerounais Samuel Eto'o fils. Ensuite viennent le Real de Madrid puis l'Olympique de Marseille. Mais n'importe quel Burkinabè mâle suit les championnats espagnol, anglais et français, et donc connaît aussi les autres équipes ! En ce qui me concerne, les joueurs où je porte mon maillot du FC Barcelone, je suis certain d'avoir droit à quelques remarques amicales à ce sujet.

Je n'ai pas vu jusqu'à présent de Ouagalais jouer aux cartes (je vais essayer de trouver un jeu et le temps de leur apprendre la coinche avant de partir !), ni à l'awalé. En revanche, j'en ai vu jouer aux dames, et à un jeu qui s'apparente aux petits chevaux. Ils jouent beaucoup aux jeux à gratter, et la LONAB (Loterie Nationale Burkinabè, équivalent de la Française des Jeux) est prospère. Le PMU semble bien fonctionner ici, mais comme il n'existe pas d'hippodrome dans le pays, les joueurs parient sur les courses françaises.

Enfin, je terminerai avec une habitude que j'ai rapidement adoptée : le rituel du thé à la menthe (à faire bouillir trois fois avant de servir !), parfois accompagné de cacahuètes, et qui est prétexte à de longues heures de discussion entre amis tranquillement installés à l'ombre d'un arbre.

A bientôt !

3 commentaires:

  1. Merci Franck pour ce blog très interessant et ce matin je découvre les photos!
    Moi aussi j'ai toujours été surprise dans les pays pauvres de voir tous ces téléphones portables...
    Continue de découvrir ce pays, ces coutumes, son histoire, etc.

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  2. Je suis contente de suivre tout ça.
    Il est vraiment sympa ton blog.
    A la prochaine!

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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